PAI Partners pris dans le piège Monier

Mardi 9 juin, PAI Partners a déposé les armes. Le fonds d'investissement français a fait une croix sur son investissement dans le fabricant de tuiles Monier, ex-Lafarge Toiture (nos éditions d'hier). En février 2007, il avait acquis 65 % de son capital pour 2,07 milliards d'euros. Pour financer l'opération, PAI avait contracté une dette de 1,8 milliard d'euros auprès de 140 prêteurs, dont les français BNP Paribas, Calyon et Société générale. Mais la crise a rattrapé Monier, très exposé au secteur, déprimé de la construction. En 2009, son résultat d'exploitation devrait être divisé par deux. Le 1er juillet prochain, la société sera incapable d'honorer le paiement des intérêts de sa dette. Dés l'hiver, les banquiers et PAI s'étaient réunis pour résoudre ce problème en amont. « La première propositions de PAI était vraiment en défaveur des créanciers », se souvient l'un d'eux. à l'époque, le français exige un abandon de deux tiers de la dette, en échange d'une injection de 125 millions d'euros d'argent frais et de l'octroi de 25% du capital aux créanciers. Ces derniers lui opposent une fin de non-recevoir. PAI assouplira sa position les semaines suivantes, allant même jusqu'à proposer aux banques la majorité du capital de Monier. Entre temps, un nouvel acteur est entré dans l'arène : Apollo, qui, accompagné des anglo-saxons TowerBrook Capital et York Capital, a acquis 20 % de la dette sur le marché décoté, devenant de facto un créancier important de la société. L'arrivée d'Apollo dans la course est mal accueillie par PAI. Très vite, les deux fonds d'investissement s'empoignent. D'un côté, PAI rappelle le passé sulfureux des dirigeants d'Apollo, anciens de la banque d'affaires Drexel Burnham Lambert, disparue pendant les années 1980 suite à un scandale, tandis que dans l'entourage de l'américain, on note la réputation d'équipe arrogante que le français traîne sur la place. proposition rejetéeLa semaine dernière, à Londres, PAI a jeté ses dernières forces dans la bataille avec une dernière proposition, négociant tout le week-end avec certains des créanciers. Sans succès. Maintenant, PAI devra se concentrer sur le reste de son portefeuille, où certaines de ses participations sont aux aboix. Dans son véhicule d'investissement PAI Europe IV, trois de ses participations sont valorisées à « zéro »: Kaufman & Broadroad, Monier et Saeco, en passe d'être cédée pour 1 euro au néerlandais Philips. Toutefois, comme l'explique une source proche de PAI, le taux de rentabilité accordé aux investisseurs restera « supérieur à 15 %  » malgré ces dépréciations. En outre, la perte enregistrée sur Monier (250 millions d'euros) ne représente que 2 % des actifs sous gestion et la société semble bien positionnée pour bénéficier des opportunités du marché actuel : elle a récemment levé un véhicule de 5,4 milliards d'euros, dont seulement 15 % sont investis. A. M.
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