Les politiques en retard d'une crise

chronique des tauxLa semaine dernière, Mme Lagarde, ministre de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi, a expliqué à la Commission européenne qu'il est urgent de permettre aux banques de compter certains actifs dépréciés à leur valeur d'acquisition plutôt qu'à leur valeur de marché, de façon à « soulager » leur bilan et à ne pas les « pénaliser » en face des banques américaines qui jouissent déjà de cette facilité. Chacun sait pourtant que modifier la façon de compter ne change pas la valeur réelle des choses. En autorisant les banques à ne pas provisionner leurs actifs, on n'améliore en rien leur bilan. En revanche, on abandonne complètement le principe comptable de prudence, celui qui veut que, entre deux modes d'évaluation, on choisisse le moins favorable. On risque même d'introduire un doute sur la sincérité des comptes, car il deviendra très facile pour une banque en difficulté de surévaluer ses actifs. Or la confiance dans la comptabilité est une chose précieuse qu'il faut préserver : que fera-t-on quand les investisseurs n'auront plus confiance dans la solvabilité ou la liquidité des banques ? L'argument selon lequel le marché est défaillant et ne permet plus de valoriser les actifs est d'ailleurs douteux. Le marché fonctionne. Tous les actifs des banques peuvent être vendus. Que le prix ne soit pas satisfaisant pour le vendeur est regrettable, mais ne prouve pas pour autant qu'il soit faux. La vérité est qu'en valeur vénale les titres obligataires que détiennent les banques ne valent qu'une fraction du prix inscrit dans les livres. Il est de même des actions, des immeubles, des portefeuilles de crédit aux entreprises et aux particuliers, bref de l'ensemble de l'actif. Des décotes de 10?%, 20?% ou 30 % seraient tout à fait justifiées, sans compter quelques provisions pour des engagements hors bilan. Mais une banque n'a que 3 % de fonds propres. Pourquoi cacher la réalité ? Une opération-vérité serait plus utile pour le bon fonctionnement du système bancaire que des tentatives peu crédibles d'enjoliver les bilans. Les hommes politiques sont en retard d'une crise. nPourquoi cacher la réalité ? Une opération-vérité serait plus utile pour le bon fonctionnement du système bancaire que des tentatives peu crédibles d'enjoliver les bilans.Par Maurice de Boisséson (Octo Finances).
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