En France, le déficit n'est pas la priorité

À peine publiées et déjà quasi périmées. En matière de finances publiques, la récession rend vains les efforts de prévision. Ainsi, en France, les révisions succèdent aux révisions. Officiellement, Paris table pour 2009 sur un déficit public qui grimperait à 5,6 % du PIB pour cette année. Mais cette prévision qui date de mars sera caduque dans quelques jours. La ministre de l'Économie, Christine Lagarde, s'apprête en effet à revoir en baisse le pronostic du gouvernement en matière de croissance.François Fillon a déjà affiché la couleur en évoquant un recul possible du PIB de 2,5 % et certains organismes internationaux anticipent même des contractions de l'activité proche de 3 %. Qui dit révision de l'hypothèse de croissance dit aussi nouvelles prévisions de déficits publics. « Aujourd'hui, je ne vois pas comment la France pourra afficher un déficit public en dessous de 6 % du PIB », affirme Mathieu Plane, économiste à l'OFCE. La dégradation de la conjoncture plus prononcée qu'anticipé aura un impact sur les finances publiques. Les comptes sociaux vont souffrir de l'explosion du chômage. Le déficit du régime général de la Sécurité sociale pourrait, selon certains spécialistes, atteindre voire dépasser les 20 milliards d'euros. Le gouvernement table encore officiellement sur un trou de 17-18 milliards d'euros. Pour l'État, à la fin mars, le budget accuse un déficit de 43,7 milliards d'euros (le double du premier trimestre 2008). Soit, déjà, 42 % du déficit attendu pour l'ensemble de l'exercice, soit 104 milliards d'euros. Ce montant sera sans doute dépassé.À cela plusieurs raisons. D'abord, avec une récession encore plus forte que prévu, les recettes fiscales rentreront encore moins bien dans les caisses. Les chiffres publiés hier montrent, hors plan de relance, des reculs prononcés des recettes de TVA et de l'impôt sur les sociétés. Ensuite, le succès supérieur aux attentes de certaines mesures du plan de relance, par exemple le remboursement anticipé de TVA aux collectivités locales, dégradera le déficit de l'État plus qu'attendu. Enfin, la décision de baisser la TVA dans la restauration alourdira aussi l'addition. Une facture globale qu'il faudra bien acquitter un jour? Anne Eveno
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