Les « bonus » des barons locaux -

Le débat sur les émoluments des banquiers s'étend au secteur mutualiste. Le syndicat SUD a en effet publié vendredi un tract qui dévoile les montants des parts variables de la rémunération du directoire (entre trois et cinq personnes) votés dans six caisses régionales : 332.000 euros en Île-de-France, 331.000 en Bretagne-Pays de la Loire, 280.000 en Nord-France-Europe, 380.000 en Loire-Drôme-Ardèche, 248.200 en Loire-Centre et 220.100 en Côte d'Azur. Des pratiques « indécentes et inadmissibles », selon SUD, au regard de la stagnation des salaires et des suppressions d'emplois en cours. Sur la même longueur d'onde, Michel Ricard, délégué Unsa, juge ces sommes « scandaleuses ». Plus modéré, Claude Bertrand, délégué national CFDT, estime que « les dirigeants locaux auraient pu et dû se sentir concernés par l'aide de l'État », au même titre que la Caisse Nationale des Caisses d'Épargne (CNCE), qui doit bénéficier d'un total de 7 milliards de capitaux publics. Et donc auraient dû renoncer à leur « bonus ».D'autant que l'Assemblée nationale a décidé jeudi d'interdire toute rémunération variable ou différée aux dirigeants ? membres de directoire compris ? des sociétés aidées jusqu'à la fin de 2010. Un appel que la CNCE a devancé, puisque après le président et le directeur général les deux autres membres du directoire, Alain Lacroix et Guy Cotret, ont renoncé, la semaine dernière, à leur bonus.L'Écureuil souligne que ces restrictions s'appliquent aux sociétés aidées, dont la CNCE, et non à leurs actionnaires, les caisses régionales. Argument rejeté par Jean-François Largillière, secrétaire général SUD : « Les dirigeants locaux, qui peuplent le conseil de surveillance de la CNCE, ont soutenu la stratégie du groupe et la constitution de la filiale de banque d'investissement Natixis », dont les pertes (2,8 milliards l'an dernier) ont contraint le groupe à se placer sous l'aile de l'État.Dans ces conditions, pourquoi ne pas renoncer à ces « bonus » ? « Le résultat net de toutes les caisses régionales est positif en 2008, répond Guy Cotret, membre du directoire de la CNCE chargé des ressources humaines et de l'exploitation bancaire. Pourquoi pénaliser ceux qui ont fait du bon travail, alors que le ?variable? représente une part significative de leur rémunération ? ». D'autant que ce « bonus » s'applique à tous les collaborateurs du groupe. Il peut ainsi atteindre 10 % du salaire fixe en back-office, 15 % pour un conseiller ou un directeur d'agence, 50 % pour les membres de directoire des caisses et 80 % pour le président.Rémunérations validéesLes « bonus » ont été affectés par les résultats en demi-teinte, des pertes financières ayant amputé les bons résultats commerciaux de certaines caisses, comme Rhône-Alpes ou Nord-France-Europe. Selon une source interne, les « bonus » des membres de directoire régionaux ont chuté de 20 % à 25 % sur un an. Un montant proche du recul subi par les salariés, qu'une autre source estime entre 18 % et 22 %. Par contraste, le résultat net du réseau a baissé de 28 % en 2008. Autre argument, l'attribution des bonus obéit à un processus de gouvernance précis. « Les rémunérations fixes et variables sont validées par un comité des rémunérations et de sélection composé de sociétaires responsables et attentifs à la bonne gestion de leur caisse », fait valoir Guy Cotret. Reste que la politique de rémunération des dirigeants devrait évoluer. Interpellé sur le sujet en comité de groupe le 2 avril par le syndicat SUD, François Pérol a pointé la responsabilité des conseils dans la détermination des objectifs chiffrés et de la composante « subjective » de l'appréciation de la performance (lire ci-contre), dont il a annoncé la « suppression » dès 2009. Benjamin Jullie
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