Les taux de défaut sont encore revus à la hausse -

À première vue, l'évolution des marchés où se négocie la dette émise par les acteurs privés est surprenante. Les notations financières des entreprises et des banques dégringolent (jeudi, en une seule journée, la note d'Adecco a été mise sous perspective négative par S&P, Fitch a dégradé celles de BT et de Volvo, et Moody's a placé Henkel sous surveillance négative et abaissé d'un cran la note d'Holcim). Les agences révisent à la hausse les taux de défaut anticipés pour les mois à venir et les prochaines années. Et pourtant, les primes de risque (c'est-à-dire le supplément de rendement par rapport aux emprunts d'État supposés sans risque) exigées par les investisseurs pour détenir cette dette diminuent.En moyenne, les spreads sur la dette « corporate » en euro notée en catégorie dite « d'investissement » ont baissé de quelque 15 points de base (1 point de base équivaut à 0,01 %) la semaine dernière et d'environ 35 points de base depuis le début du mois, indique l'indice « iBoxx Euro Corporates » de Markit. Quant aux nouvelles émissions de dette de bonne qualité, elles sont toujours bien reçues.Difficile refinancementMais la contradiction n'est qu'apparente. En fait, comme le rappelle le stratège crédit de Natixis, Allan Nebbou, « les spreads actuels ne reflètent ni les taux de défaut réels, ni les taux de défaut anticipés ». Par exemple sur le marché des dérivés de crédit, le CDS à 5 ans d'ArcelorMittal évolue autour de 950-1.000 points de base. Autrement dit, « les marchés évaluent la probabilité de défaut d'ArcelorMittal à 20 % à horizon 1 an et à plus de 50 % à horizon 5 ans, ce qui paraît absurde », poursuit Allan Nebbou. De la même façon, à son niveau actuel l' « iTraxx main » (l'indice de dérivés de crédit qui suit les émetteurs notés en catégorie d'investissement) intégrerait un taux de défaut d'environ 10 % à 5 ans !Standard & Poor's doit annoncer aujourd'hui ses nouvelles prévisions de défaut pour 2009. En Europe, entre 11,7 % et 14,7 % des entités classées en catégorie spéculative risquent d'être touchées par une faillite, un défaut de paiement ou encore un moratoire ou une restructuration de leur dette, estime maintenant l'agence. En décembre, la fourchette était de 8,7 % à 11,1 %. « La dette LBO sera une des plus touchées », indique Paul Watters, chez Standard & Poor's. À la suite de la multiplication des opérations d'acquisition avec un fort effet de levier entre 2005 et 2007, « le risque est que les entreprises aient beaucoup de mal à se refinancer une fois leurs lignes de dette arrivées à échéance », explique-t-il. À titre de comparaison, pour les entreprises et les banques européennes, le taux de défaut s'est établi à 4,5 % en 2008 et à 1,5 % en 2007.Les prévisions de S&P sont plus optimistes que celles de Moody's. En début de semaine dernière, cette dernière expliquait que le taux de défaut des émetteurs « spéculatifs » culminerait à 14,6 % au dernier trimestre 2009 : 13,5 % pour les États-Unis et jusqu'à 21,2 % pour l'Europe.
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