Microsoft n'en a pas fini avec Bruxelles

Une première amende de 497 millions de dollars en 2004, pour abus de position dominante, record absolu. Une autre de 899 millions d'euros en 2008, pour son manque de coopération sur l'interopérabilité de ses produits, record encore battu. S'il vient de se faire détrôner par Intel, Microsoft occupe une place de choix sur le tableau de chasse des autorités de la concurrence européennes. Et l'histoire n'est pas terminée. La Commission a ouvert une enquête il y a un an sur la vente liée du navigateur Internet Explorer et du système d'exploitation Windows, qui équipe 90 % des PC dans le monde, à la suite d'une plainte du concepteur norvégien de logiciels Opera. L'instruction a rapidement débouché sur une communication de griefs, envoyée début janvier à l'éditeur. Bruxelles y déplorait notamment que « la vente liée, par Microsoft, de l'Internet Explorer avec le système d'exploitation Windows porte préjudice à la concurrence entre les navigateurs Web, compromet l'innovation en matière de produits et limite, en fin de compte, le choix des consommateurs ».Le navigateur, comme porte d'entrée du Web, est considéré comme stratégique, car il constitue l'environnement sur lequel se développe un écosystème, en raison notamment du nombre croissant d'applications accessibles en ligne. « Le navigateur n'est pas une commodité, c'est une fonction clé des systèmes d'exploitation », déclarait ainsi en début d'année Steve Ballmer, le PDG de Microsoft. La Commission le dit peut-être un peu différemment, mais en substance, sa réflexion n'apparaît pas si éloignée de celle de l'éditeur : « L'omniprésence de l'Internet Explorer incite artificiellement les fournisseurs de contenus et les développeurs à concevoir des sites Web ou des logiciels essentiellement pour l'Internet Explorer. »Or Microsoft a vu ces dernières années sa domination s'éroder dans ce domaine, avec une part de marché désormais inférieure à 70 %, affaiblie par la concurrence du navigateur Firefox, basé sur du logiciel libre. Le marché doit par ailleurs compter avec l'arrivée d'un nouveau venu, le Chrome de Google, sur lequel le moteur de recherche a adopté une stratégie résolument offensive en permettant son téléchargement depuis sa page d'accueil, une démarche très inhabituelle.Face à la Commission, Microsoft, qui avait payé cher son manque de coopération sur la précédente décision, adopte cette fois-ci une attitude plus conciliante. Le groupe, qui se défendra début juin à Bruxelles des accusations, a annoncé que son prochain système d'exploitation, Windows 7, permettrait de désactiver son navigateur. Olivier Hensgen
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