L'Élysée va réorganiser « l'intelligence économique »

Sous « l'amicale pression » de l'Élysée, Alain Juillet vient de démissionner de son poste de haut responsable à l'intelligence économique où il avait été nommé fin 2003 par Jean-Pierre Raffarin et reconduit par Dominique de Villepin. Le départ de cet ancien de la DGSE, l'une des figures historiques du renseignement en France, va permettre au « Château » de réorganiser le secteur. Comme beaucoup d'autres, le dossier est directement traité par Claude Guéant, le secrétaire général de la présidence, qui a suivi ce sujet lorsqu'il était à l'Intérieur.Utilisé depuis une quinzaine d'années pour éviter de parler d'espionnage industriel, le terme d'intelligence économique recouvre des activités diverses qui concernent la compétitivité des entreprises tricolores par rapport à leurs concurrentes : protection des informations, veille technologique, recherche de marchés extérieurs, contrôle des investissements étrangers dans les secteurs stratégiques? Si la CIA et le MI6 britannique ont investi depuis longtemps cette activité ? la CIA y consacrerait 40 % de son budget renseignement selon Alain Juillet, ? la France n'a jamais vraiment su comment traiter ces problématiques au plan gouvernemental. En 1994, un Comité pour la sécurité et la compétitivité économique crée par Édouard Balladur n'a pas survécu à son départ de Matignon. Bercy a ensuite récupéré le dossier jusqu'à la nomination d'un haut responsable rattaché au secrétariat général de la défense nationale, qui dépend du Premier ministre. Chargé de coordonner, avec un staff d'une quinzaine de personnes, la politique des 11 ministères censés être concernés par l'intelligence économique, Alain Juillet n'a, en fait, jamais pu faire travailler tout ce petit monde ensemble.Le Trésor reste compétent pour délivrer les autorisations d'investissements étrangers dans les secteurs jugés stratégiques. La nouvelle Direction centrale du renseignement intérieur, née de la fusion de la DST et des renseignements généraux, s'intéresse à l'espionnage industriel. Elle organise ainsi chaque année quelque 800 réunions de sensibilisation des chefs d'entreprises à ces agissements. La Défense suit, elle, les entreprises d'armement? « L'intelligence économique devrait devenir une politique publique à part entière et non une simple activité administrative comme aujourd'hui », plaide le député UMP Bernard Carayon, qui a rédigé deux rapports sur le sujet pour Matignon, en 2003 et 2006.Même si Bercy fait le forcing pour récupérer les attributions d'Alain Juillet, l'Élysée n'aurait pas encore arrêté sa position. La nomination d'un délégué interministériel, voire d'un secrétaire d'État lors du prochain remaniement, a été envisagée. Mais la présidence n'exclut pas de récupérer directement la coordination de l'intelligence économique pour étoffer sa nouvelle cellule « renseignement ».
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