Angela Merkel embarrassée par la polémique sur la fiscalité

Après deux jours de séminaire dans la campagne du Palatinat, les experts ont tranché : les revenus fiscaux de l'État allemand seront cette année inférieure de 45 milliards d'euros aux prévisions de novembre dernier. L'effondrement conjoncturel va donc coûter cher à l'État allemand et contraindre le ministre des Finances, Peer Steinbrück, à présenter, d'ici à la fin du mois, un collectif budgétaire prévoyant un déficit fédéral de près de 80 milliards d'euros. Mais la facture n'en sera pas soldée pour autant. Les experts ont estimé qu'en 2010, les recettes fiscales de l'État seront inférieures de 85 milliards d'euros à leur précédente estimation. En tout, d'ici à 2013, le budget de la Fédération, des Länder et des communes devra compter avec 316 milliards d'euros de moins que prévu !numéro d'équilibristeCe vide colossal sera un casse-tête pour le prochain chef de gouvernement issu des élections fédérales du 27 septembre prochain. Mais c'est déjà une très mauvaise nouvelle pour Angela Merkel qui doit déjà jouer un périlleux numéro d'équilibriste entre son rôle de chancelière soucieuse du rétablissement des finances publiques et celui de chef de parti prête à concéder quelques promesses fiscales. Aussi, le week-end dernier a-t-elle déclaré vouloir, entre 2010 et 2013, allier le remboursement de la dette et les investissements publics à des « baisses d'impôts ». L'ambition de la présidente de la CDU était de repositionner son parti sur ce terrain, longtemps abandonné soit aux cousins bavarois de la CSU, soit aux alliés libéraux du FDP, qui restent à des scores historiquement hauts dans les sondages (autour de 15 %). Le problème est que la CDU est aussi le parti de la rigueur budgétaire. Et beaucoup s'y inquiètent de la dégradation des finances publiques. Les propos de la chancelière ont donc provoqué une levée de boucliers au sein de son propre parti. Et il lui a fallu finalement se ranger à l'avis du ministre-président de Bade Wurtemberg, Günther H. Oettinger, et admettre que les baisses d'impôts ne seront guère possibles avant 2012, à la grande fureur du FDP et de la CSU. Nul doute pourtant que le sujet fiscal sera, avec l'emploi, un des thèmes centraux de la campagne électorale. Les sociaux-démocrates du SPD, qui se traînent toujours dix points derrière la CDU et la CSU dans les sondages, y verront sans doute une occasion d'affaiblir la position d'Angela Merkel dans son propre camp. Peer Steinbrück, pas fâché de pouvoir à nouveau se draper dans la vertu budgétaire que la crise lui avait ôtée, a ainsi qualifié hier « d'écrans de fumée » les promesses de baisses d'impôts de la droite.
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