César, Charlemagne ou Bonaparte  ?

Le 8 janvier 2008, lors de ses v?ux à la presse, Nicolas Sarkozy reprend Laurent Joffrin, le directeur de « Libération », qui vient de comparer son régime à « une monarchie élective ». « Soit c'est une monarchie, et il faudrait qu'on m'explique de qui je suis l'héritier, soit c'est l'élection, et dans ce cas-là, ce n'est pas la monarchie », rétorque le chef de l'État. Mais, si le débat sur le « pouvoir personnel » du président de la Ve République ne remonte pas à l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Élysée, la façon dont l'ex-candidat de l'UMP l'exerce nourrit par contre les critiques et les commentaires. Aux yeux d'Alain Duhamel, le quinquennat de Nicolas Sarkozy ne s'apparente pas à une monarchie mais bien plutôt à une « République consulaire », un régime bonapartiste. « Les gènes communs tiennent à cette étrange combinaison de pouvoir personnel et de suffrage universel, mais aussi d'autoritarisme et de passion de la réforme », écrit l'éditorialiste dans son dernier ouvrage (*). À gauche, le socialiste Arnaud Montebourg réfute cette vision. « M. Sarkozy n'est ni Napoléon Bonaparte ni Jules César, car au moins voilà deux hommes qui avaient du génie et qui ont bâti un empire. Monsieur Sarkozy, le seul empire qui le passionne c'est lui-même », estime le lieutenant de Martine Aubry, tout en dénonçant une dérive « césariste » du locataire de l'Élysée. Lors de ses v?ux aux parlementaires, le 7 janvier, Nicolas Sarkozy s'est amusé de ces attaques répétées contre son hyperprésidence. Il a même revendiqué son statut « d'omniprésident », soulignant préférer ce dénominatif à celui de « roi fainéant », une pique adressée à son prédécesseur Jacques Chirac. « À force d'écrire que j'en fais trop, au moins on ne se pose pas la question de savoir ce que je fais ! », a-t-il lancé. « Tous les pouvoirs »« Pour rester dans la métaphore monarchique, c'est du despotisme éclairé, ce qui finirait par faire regretter le temps des Mérovingiens », souligne cette semaine sur son « blog » le socialiste François Hollande. « Exercer sa mission n'est pas décider seul en République. Avoir le pouvoir n'est pas détenir tous les pouvoirs. Et c'est là la dérive, le glissement, et pour tout dire la confusion », accuse l'ancien patron du PS. Quand Nicolas Sarkozy consent à évoquer la monarchie, c'est pour faire part de ses craintes sur la capacité de la France à se réformer. « La France est l'un des pays les plus difficiles à gouverner : Louis XVI et sa jeune femme, ça s'est terminé sur le billot », confiait, alarmant, le chef de l'État, dans l'avion qui le ramenait du Proche-Orient début janvier. H. F. (*) Alain Duhamel : « la Marche consulaire », Plon.
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