São Paulo la dévorante

São Paulo, aujourd'hui. Plus grande ville de l'hémisphère Sud, avec une métropole de 20 millions d'habitants. Personne ne se connaît, tout le monde est anonyme. Une femme de ménage y vit, tant bien que mal, avec ses quatre enfants, tous de père différent. C'est leur histoire.Walter Salles avait frappé le monde du cinéma en 1998 avec son quatrième film, « Central do Brasil », encore dans les mémoires de ceux qui avaient admiré l'excellente performance de Fernanda Montenegro (alors inconnue en Europe) et apprécié le touchant destin de cet enfant vagabond à la recherche de son père. L'acteur qui l'interprétait, Vinicius de Oliveira, est la figure centrale d'« Une famille brésilienne ». Il s'agit donc dans cette ?uvre, magique parce qu'elle parvient à réunir cruauté, sobriété et simplicité grâce à une mise en scène discrète et imperceptible, de quatre frères qui vivent autant de moments différents d'une jeunesse brésilienne. acteurs amateursL'un rêve de football professionnel, un autre est coursier (ils sont 300.000 à São Paulo), un autre encore pompiste et catholique fervent, le petit dernier séchant l'école pour retrouver (et connaître) son père. Les acteurs sont amateurs, c'est-à-dire très bons, justes et vifs. Salles filme au plus près des corps, parfois au ras du sol, à la manière d'Ozu.Officiellement séparée de l'État, l'Église occupe une part très importante dans la société brésilienne comme il est ici montré avec une précision et une sobriété impeccables. C'est un film sur la religion, qui pour les Brésiliens est double, christianisme et football. La foi régit les comportements : trop forte, elle mène à la violence, voire à la mort ; inexistante, elle vous efface. Il est difficile de se faire une place dans cette société quand on vit à cinq dans un trois-pièces et qu'on emprunte de l'argent à tous ses frères pour inviter une fille. Musicalité parfaiteLe compositeur attitré d'Inarritu (le réalisateur d'« Amours chiennes », « 21 Grammes », « Babel »), lauréat de deux oscars (« le Secret de Brokeback Mountain », « Babel »), signe une fois encore des compositions d'une musicalité à la fois aérienne et tendue, autrement dit parfaite.Après son formidable « Carnets de voyage », itinéraire du jeune Ernesto « Che » Guevara à travers l'Amérique du Sud, Salles avait déçu en adaptant maladroitement « Dark Water », le très bon film d'épouvante nippon. Il revient donc en grande forme pour signer un des films les plus éclatants de ce début d'année, parfaite représentation de la vie dans une métropole gigantesque, qui avale tout et ne pardonne rien. n« Une famille brésilienne », de Walter Salles. 1?h?48.
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