Alliances en vue pour l'automobile en crise

C'est une crise brutale, mondiale, d'une ampleur exceptionnelle », s'est exclamé hier Carlos Ghosn aux États généraux de l'automobile française organisés sous les auspices du secrétariat d'État à l'Industrie et à la Consommation. Et de poursuivre : « Les constructeurs automobiles ont brûlé 150 milliards d'euros de capitalisation boursière. La crise va bouleverser profondément l'industrie automobile mondiale. » « Il y a 20 % de surcapacités en Europe. Certaines usines vont fermer. 20 % des concessionnaires pourraient aussi disparaître », a renchéri le commissaire européen à l'Industrie, Günter Verheugen. « Le tiers des équipementiers européens est en difficult頻, soulignait également un industriel. Il est vrai que la production automobile devrait chuter de 15 % en 2009 sur le Vieux Continent, selon l'Acea (Association des constructeurs européens).Dans ce contexte, constructeurs et équipementiers en crise de liquidités s'apprêtent à rebattre leurs cartes. D'autant que la nécessité de réduire drastiquement les émissions de C02 pour répondre aux prochaines normes, notamment européennes, requiert d'énormes investissements et incite aux coopérations. Fiat et Chrysler ont ainsi annoncé hier leur alliance (voir ci-dessous). L'italien va prendre 35 % de l'américain en échange de la mise à disposition de ses plates-formes de petits véhicules. Ce n'est qu'un début, pronostique un constructeur.L'administrateur délégué du Turinois Sergio Marchionne avait prévenu en décembre que « dans les 24 prochains mois, il n'y aurait plus qu'un constructeur américain, un allemand de taille, un européano-japonais (Renault-Nissan) [...], un au Japon, un en Chine et un autre européen ». Une vision que bien des experts récusent. réduire les coûtsIl n'empêche. Avec la crise, de nouveaux regroupements devraient voir le jour alors même que Porsche finalise sa prise de contrôle de Volkswagen. PSA, qui avait déjà étudié l'éventualité d'un rapprochement avec le japonais Mitsubishi, pourrait aussi se décider à sortir de son isolement relatif. Carlos Ghosn a plusieurs fois appelé de ses v?ux une extension de l'alliance franco-nippone à un partenaire américain. Des chinois s'intéressent au suédois Volvo Cars mis en vente par Ford.Mais, les alliances, dont plusieurs se sont révélé des échecs par le passé, ne sont qu'une réponse à la crise. Constructeurs et équipementiers devront aussi, en interne, réduire leurs coûts. Et pour cela, ils n'hésitent pas à réclamer des pouvoirs publics un? allégement des charges. Carlos Ghosn a ainsi affirmé hier qu'une « voiture produite à Flins, en région parisienne, coûtait 1.400 euros de plus qu'un modèle fabriqué en Europe de l'Est ». Ce différentiel est généré à « hauteur de 750 euros par le poids des charges sociales. 400 euros sont imputables aux disparités de salaires et 250 à la taxe professionnelle perçue en France ». Le PDG a en conséquence demandé au gouvernement une « suspension de la taxe professionnelle » et un « déplacement des charges salariales sur les voitures vendues plutôt que sur la production ». À bon entendeur?
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.