Par Béatrice DelamotteEt le gagnant est? Francisco Gallo Mejia ! Pour le douzième prix de la Fondation Altran, c'est en effet le projet de ce chercheur-architecte colombien de l'université du Pays Basque de San Sebastian qui a obtenu les suffrages du jury, parmi les 159 dossiers présentés, pour son matériau composite à base de bambous. Un projet qui illustre parfaitement le thème retenu pour cette promotion 2008 : « réduire la concentration de CO2 dans l'atmosphère, notre défi technologique ! ». Elu par un jury prestigieux, composé de chercheurs européens, Francisco Gallo Mejia estime que ce prix va lui « permettre d'accélérer la mise sur le marché du produit, la rencontre d'investisseurs et les dernières mises au point techniques ».Si elles sont connues depuis la nuit des temps notamment par les Indiens d'Amérique du Sud, les propriétés du bambou, tout particulièrement de la variété « guada angustifolia kunth » très présente dans le nord de l'Amérique Latine, vont sans doute trouver de nouvelles applications. Sans marquer un retour aux sources traditionnelles indiennes, le projet de Francisco Gallo Mejia va permettre à de nombreuses personnes de bénéficier du fruit de ses travaux pour avoir un habitat particulièrement éco-responsable et peu onéreux. En fabricant un matériau composite à base de bambou, c'est tout la chaîne du bâtiment qui est réinventée. En effet, ce type de composite consomme moins d'énergie et d'eau pour produire l'élément de base ? des planches ? que les briques ou le ciment. De plus, cette approche nécessite des machines plus petites et peu de transport de la matière première car les plantations peuvent être installées à proximité de l'utilisateur final.« Les bambous guada poussent naturellement sur le continent sud-américain, précise Francisco Gallo Mejia. Ils sont facilement transformables et le matériau obtenu a des propriétés isolantes contre la chaleur et la pluie naturelles, adaptées au climat local ». Autre atout du bambou, ses capacités environnementales : il permet de limiter les risques d'érosion en replantant les zones humides et de créer de véritables puits de carbones à proximité des habitations. Dès l'année prochaine, un prototype de maison entièrement construite devrait voir le jour. « Ce bâtiment modèle sera construit en Colombie. Nous allons y intégrer aussi un éclairage à base de LED, un système de recyclage de l'eau etc. L'objectif est de démontrer qu'il est possible de construire une maison entièrement éco-responsable à bas coût », précise Francisco Gallo Mejia. Avec ce nouveau concept de maison, difficilement exportable en Europe où le bambou guada angustifolia kunth ne pousse pas ou mal, le lauréat de la Fondation Altran espère séduire dans un premier temps une clientèle aisée. Un marketing en deux temps : en séduisant des acheteurs potentiels relativement riches, il pourra ainsi développer la culture de ce bambou et attirer des investisseurs. Une stratégie qui pourrait s'avérer d'autant plus rapidement payante que pour construire une dizaine de maisons de 15 m2, un hectare de bambous suffit !

latribune.fr

15 Mars 2009, 16:22

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