Les warrants détrônés par les turbos en 2008

C'est un tournant. Les warrants, pionniers du marché des produits dérivés de Bourse depuis 1989, ont été détrônés en 2008 par les turbos. Ces derniers ont enregistré une progression de 22 % de leurs volumes d'échanges sur un an à 6 milliards d'euros alors que, dans le même temps, les warrants simples affichaient une chute de 47,5 % à 4,8 milliards d'euros. Classés, selon les émetteurs, comme warrants ou comme certificats, les turbos s'affirment comme le produit phare de 2008, concentrant 43 % des 14 milliards d'euros échangés sur le segment warrants et certificats de Nyse-Euronext Paris. Des volumes d'échanges qui résistent plutôt bien (? 14 %) d'autant que le nombre de transactions est en hausse de 2 %. « Ce chiffre n'est pas si négatif si on le compare à la baisse de plus de 40 % du CAC 40 sur l'année », analyse Marie Buckwell, responsable warrants et certificats chez BNP Paribas, leader en termes de transactions avec 23,3 % de parts de marché.2008 en deux tempsL'année 2008 s'est jouée en deux temps sur le marché des produits dérivés de Bourse. « Jusqu'à l'été, les investisseurs ont continué à se diversifier en termes de sous-jacents avec notamment les matières premières, les devises et en termes de structures de produits avec les bonus, certificats indexés, à thèmes, etc. Puis à partir du retournement brutal du prix du pétrole et du dollar, et de l'annonce des faillites bancaires, ils ont opéré un retour vers des supports plus classiques comme les indices et les actions », souligne Alban Soubigou, responsable warrants chez Citi, leader sur les turbos. « De ce fait, ils ont migré vers les produits dont le prix ne dépend pas des variations de volatilité, à savoir les turbos », précise le responsable de Citi. Mais pour Olivier Gentier, responsable marketing produits de Bourse à Société Générale, numéro un français en volume avec 40 % de parts de marché sur les warrants, l'envolée des turbos « est surtout le fait de ?day-traders? qui opèrent beaucoup d'allers-retours sur une même séance ».Avec leur fort effet de levier (multiplicateur de la performance), les turbos, appelés aussi produits à barrière, présentent un risque à la mesure de leur potentiel de gain. Depuis leur démarrage en 2000, leurs gammes se sont étoffées chez la quasi-totalité des émetteurs avec un large choix de sous-jacents : indices, actions, matières premières, produits agricoles, métaux précieux, etc. La famille s'est aussi enrichie d'une gamme de turbos sans échéance. 1.800 turbos sont cotés aujourd'hui à Paris représentant moins de 20 % des produits dérivés de Bourse listés sur Nyse-Euronext. Ce mouvement a profité aussi à Commerzbank : « Grâce aux lancements des turbos CAC 40 et des Stability warrants, inédits en France, le volume des transactions sur l'ensemble de nos produits a été multiplié par deux en 2008 », fait valoir Thibault Renoult, responsable warrants chez Commerzbank France.Les warrants simples, qui représentent encore 34 % des volumes échangés, ont souffert de la forte volatilité des marchés. Celle-ci culmine à des sommets depuis l'automne 2008. Oscillant entre 20 % et 30 % sur les neuf premiers mois de l'année, elle s'est envolée pour atteindre 70 % en octobre et en novembre. Décélérant légèrement en fin d'année, elle s'établit à près de 45 % actuellement. La volatilité influence fortement la valorisation des warrants et détourne les investisseurs qui arbitrent en faveur des turbos insensibles à ses à-coups. « Une tendance qui devrait persister tant que la visibilité sur l'environnement économique et boursier ne sera pas revenue », précise Alban Soubigou.Progression des bonusÀ l'autre bout du spectre, les produits d'indexation comme les 100 % et les produits de rendement de type bonus ont progressé de 27 % pour les premiers et de 140 % pour les seconds. « Même si elle reste prépondérante, la part des échanges sur produits à levier a diminué au profit des produits de rendement et d'indexation », indique Marie Buckwell, de BNP Paribas. Celle-ci poursuit : « Si 2009 est aussi mouvementée que 2008, il est probable que la diversification va continuer, mais dès que les marchés repartiront à la hausse, les investisseurs devraient privilégier à nouveau les produits de levier. » n
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