Prague prend le traité de Lisbonne en otage

Le coup de poignard est brutal pour tous ceux qui espéraient que la République tchèque, une fois à la tête de l'Union européenne, finirait bien par ratifier le traité de Lisbonne sous la contrainte de la responsabilité. Trop préoccupé par des jeux politiques subtils internes, le Premier ministre Mirek Topolanek en a décidé autrement. Alors qu'il avait d'abord assuré que le nouveau traité européen serait ratifié avant le début de la présidence tchèque de l'Union européenne, le 1er janvier, puis que les députés se prononceraient lors de la première session parlementaire, à partir du 3 février, il a reporté cet examen sine die. La raison ? Les parlementaires de son parti libéral conservateur ODS, très divisé sur l'Europe, ainsi que les communistes, ont tout simplement bloqué les travaux préparatoires en commissions. Les eurosceptiques de l'ODS exigent, avant la ratification, une réforme de la procédure parlementaire pour éviter que, une fois le traité de Lisbonne en vigueur, le gouvernement tchèque ne puisse à l'avenir accepter des dispositions européennes sans consulter le Parlement. Par ailleurs, favorable à l'installation du radar antimissile américain sur le sol tchèque, Mirek Topolanek met la pression sur les sociaux-démocrates et les Verts, favorables au traité européen mais hostiles au radar.Jusqu'ici le Premier ministre s'était montré, à propos des questions européennes, plus pragmatique que l'europhobe président de la République, Vaclav Klaus. Mais ses partenaires commencent à sérieusement s'interroger. Présentant la semaine dernière les priorités de la présidence tchèque de l'Union au Parlement européen, il a provoqué un tollé lorsqu'il a laissé entendre que l'actuel traité de Nice était meilleur que le traité de Lisbonne. L'eurodéputé irlandais Proinsias de Rossa a failli s'étrangler. « Les commentaires que vous avez émis aujourd'hui ont rendu notre tâche encore plus difficile », lui a-t-il sèchement lancé, rappelant que l'Irlande organisera un nouveau référendum sur un traité de Lisbonne en automne. nouveau référendum Désormais, une majorité d'eurodéputés est convaincue que Prague ne ratifiera pas le traité de Lisbonne avant le nouveau référendum irlandais. Si tel devait être le cas, cela compliquera encore plus la tâche de Dublin car le gouvernement de Brian Cowen, au plus bas dans les enquêtes d'opinion, ne pourra dramatiser sur l'éventuel isolement de son pays dans le concert européen. Alors que la République d'Irlande éblouissait encore les yeux avec un taux de croissance de 6 % il y a deux ans, elle devrait connaître cette année une sévère contraction de son économie de 5 %. Et les comptes publics, qui ont connu un pic de 3 % d'excédent par rapport à la richesse nationale en 2006, devraient s'enfoncer dans un abyssal déficit de 11 % en 2009. Marc DegerLes euro-sceptiques du parti libéral conservateur ont bloqué les travaux prépa- ratoires.
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