La Suisse se rabiboche avec l'OCDE

« Il faudra voir ce qu'il dit et comment il le dit. » Les diplomates helvétiques restent prudents, mais ils espèrent bien entendre Angel Gurria, le secrétaire général de l'OCDE, prononcer cette semaine les paroles de paix que la Suisse attend depuis mars dernier. Il mettrait ainsi fin à la quasi-guerre froide qui a empoisonné ses relations avec la Confédération dans le dossier du secret bancaire.Des tractations discrètes ont eu lieu entre les deux parties à la veille de rendez-vous importants : la réunion organisée hier par l'Allemagne et la France sur les progrès accomplis en matière de transparence fiscale et la conférence ministérielle de l'OCDE, aujourd'hui et demain à Paris. La Suisse est représentée aux deux événements.À cette occasion, Angel Gurria doit s'engager à avertir les États membres avant tout contact « sensible » avec des institutions comme le G20, et à « mieux communiquer avec les pays membres sur des sujets politiquement délicats », selon un diplomate. Le patron de l'OCDE céderait ainsi à une exigence cruciale de la Suisse. Depuis le début de l'année, les représentants helvétiques se plaignent d'avoir été écartés des tractations entre l'organisation et le G20 concernant le secret bancaire. Ils estiment qu'Angel Gurria s'est comporté de manière déloyale en fournissant au G20 les éléments qui ont servi à menacer la Suisse de sanctions, puis à l'inscrire sur la « liste grise » des places financières sous surveillance.« liste grise » Les relations avaient touché le fond en mars. « Il nous avait dit qu'il n'y aurait pas de liste », rappelle une source helvétique. Les Suisses avaient cru à cette assurance, au point d'en faire état dans des communiqués de presse. Quelques jours plus tard, ils découvraient la « liste grise » où figurent trois autres membres de l'OCDE : Luxembourg, Autriche et Belgique.Depuis, les « quatre » sont furieux. La Suisse a même bloqué un budget de 136.000 euros destinés à la coopération entre l'OCDE et le G20. L'engagement d'Angel Gurria à consulter davantage les pays membres pourrait permettre de lever le veto helvétique.L'organisation veut aussi rassurer les banquiers suisses, inquiets des engagements pris par Berne dans les traités d'échange d'information récemment conclus avec la France, les États-Unis et d'autres pays. Selon Pascal Saint-Amans, un haut fonctionnaire de l'OCDE, le standard que ces conventions incorporent « écarte les demandes floues ou aléatoires dont la vraisemblable pertinence ne serait pas avérée ». Sylvain Besson (« Le Temps »)
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