Ces entreprises qui « relocalisent »

++BSD ++ À quelques jours de Noël, les salariés de l'usine Smoby Toys de Moirans-en-Montagne (Jura) s'activent à la fabrication de tricycles qui trouveront leur place sous les sapins de Noël. Bienvenue chez Smoby, placé en redressement judiciaire en octobre 2007 et repris par l'allemand Simba Dickie en mars dernier. En 2008, le groupe devrait enregistrer un chiffre d'affaires supérieur aux attentes à 120 millions d'euros, contre 90 millions. Cette meilleure santé s'explique d'une part par un resserrage de la gamme de jouets et par le rapatriement dans le Jura d'une partie de la production sous-traitée en Chine. L'Empire du Milieu ne serait plus aussi compétitif qu'avant : « Les salaires ont été multipliés par trois en quatre ans », confirme Michael Sieber, PDG du groupe Simba Dickie. En visitant l'usine à la mi-décembre, Luc Chatel, secrétaire d'État chargé de l'industrie, rappelait : « La délocalisation lointaine a beaucoup d'effets pervers, que ce soit en termes de qualité des produits que de coût de transport, c'est donc un choix courageux et stratégique de rappeler de la production délocalisée en France, ce qui montre que notre industrie n'est pas foutue. »DOUCHE FROIDEPour autant, penser que toutes les activités délocalisées reviendront en France est un leurre. Pour la production « de masse » ou « en volume », la France n'est plus compétitive par rapport aux pays à bas coûts. En revanche, elle peut réconcilier avec le made in France des entreprises refroidies par l'aventure low-cost, comme le fabricant de cabines de douche Aquaproductions, qui a rapatrié une partie de sa production de Roumanie à Chéméré (Loire-Atlantique) pour des questions de coûts de transport, ou la société de services informatiques Risc Group, qui va relocaliser près d'Orléans son centre d'appel, une activité jusque-là sous-traitée par quatre prestataires basés en Roumanie, en Ukraine et au Maroc, pour doper le taux de satisfaction de ses clients. La France peut aussi tirer son épingle du jeu sur des produits de moyenne ou haute gamme. Ainsi la nouvelle ligne de la collection Ushuaïa des opticiens Atol propose des montures interchangeables, made in France. Fabriquée de 2003 à 2005 en Chine, cette collection est aujourd'hui fabriquée à Oyonnax (Ain) et dans le Jura. « Sur des produits moyens et haut de gamme où le savoir-faire du pays est déterminant, on peut se payer le luxe de produire en France », explique Philippe Peyrard, directeur général délégué d'Atol, qui a décidé en 2007 de localiser son centre de logistique et d'approvisionnement à Beaune (Côte-d'Or). PDG de Garnier Thiebault, entreprise spécialisée dans la fabrication du linge installée à Gérarmer (Vosges), Paul de Montclos, constate aussi un regain d'intérêt pour le made in France : « Certains donneurs d'ordre comme Geneviève Lethu faisaient beaucoup produire en Asie. Mais, ayant constaté qu'en termes de coût complet il n'était pas plus cher de travailler avec des Français, elle a augmenté son flux chez nous, au détriment de ce qu'elle faisait en délocalisant. » Garnier Thiebault a des atouts : ses séries courtes, sa proximité géographique et surtout son savoir-faire. Si la PDG d'Olympia, Catherine Rambaud, n'a, elle, pas décidé de rapatrier en France les activités de son usine en Roumanie, elle a en revanche choisi de développer l'usine de Romilly-sur-Seine (Aube), qui avait stoppé sa production en 2005. « Nous avions gardé une centaine de machines et nous avons pu relancer une production haut de gamme, avec des partenaires comme Weston ou Clergerie. Il faut être réactifs car ce sont de toutes petites séries. Le consommateur est zappeur et veut des collections qui changent comme chez Zara ou H&M. Il faut donc compenser le volume par la valeur », explique-t-elle. En clair, la chaussette noire de base sera tricotée dans des pays à bas coûts, la chaussette haut de gamme ou fabriquée avec du textile technique sera made in France. n
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