Le gouvernement français s'en tient à un soutien sectoriel

En marge du baptême du fonds stratégique d'investissement, jeudi dernier, Nicolas Sarkozy avait annoncé vouloir travailler à un plan de relance des infrastructures. Mais, alors que nos voisins britanniques prennent des mesures de relance énergiques à effet immédiat, le gouvernement français peut-il se contenter d'agir seulement dans une perspective forcément lointaine, s'agissant d'infrastructures?? Le gouvernement tentera d'accélérer les projets déjà en cours, afin de gagner du temps. Mais Nicolas Sarkozy a également demandé la préparation d'un dispositif d'urgence de soutien de l'activité. Celui-ci ne sera pas finalisé avant la semaine prochaine.La modération de BercySon ampleur demeure incertaine. Parmi les conseillers du pouvoir, les chauds partisans d'une relance évoquent deux à trois points de PIB, soit entre 40 et 60 milliards d'euros. Rue de Bercy, on se veut beaucoup plus modéré. « En réalité, au-delà des effets d'affichage, on n'atteindra difficilement 1 point de PIB (20 milliards d'euros) », juge le rapporteur général du Budget à l'Assemblée nationale, le député UMP Gilles Carrez. Ce gardien de l'orthodoxie budgétaire admet aujourd'hui la nécessité d'une « relance keynésienne par les investissements ». Les termes sont choisis?: pas question de doper la consommation, en imitant Gordon Brown, qui baisse la TVA. « Est-ce qu'il faut mettre les marges de man?uvre dont nous disposons sur la baisse des prix, quand la baisse des prix a lieu?? » s'est interrogé hier Nicolas Sarkozy, à l'issue du Conseil des ministres franco-allemand. Le seul « effet perceptible d'une telle baisse de TVA prise à l'aveugle serait de doper les importations », ajoute Gilles Carrez.Exit, donc, la baisse de la TVA, comme tout allégement fiscal général. « Il nous faut prendre des mesures sectorielles », insiste-t-on, rue de Bercy. C'est en jouant sur deux secteurs que le gouvernement estime pouvoir accélérer la sortie de crise?: le logement et l'automobile. « Encourager l'investissement dans le logement me paraît le plus efficace », estime le rapporteur du Budget. « Il s'agit de faire en sorte que les ménages anticipent des décisions qu'ils auraient prises plus tard. » Mais comment?? Il serait possible de jouer sur le prêt à taux zéro (attribué sous conditions de ressources), dont les conditions d'attribution seraient assouplies. Mais le PTZ ne permet pas de réaliser une acquisition dans les zones urbaines où le marché reste le plus cher, et où les besoins sont encore les plus importants.L'autre piste serait de transformer les mécanismes Robien et Borloo, incitant à l'investissement locatif, pour les rendre plus accessibles?: le dispositif d'amortissement, favorisant les hauts revenus, serait transformé en réduction d'impôt.Le deuxième secteur susceptible d'être soutenu par le gouvernement est celui de l'automobile. Les constructeurs ont demandé la mise en place d'une nouvelle prime à la casse. Ils ne l'auront pas?: ce genre de prime est limité à quelques mois (Bruxelles le veut ainsi), et le marché s'effondre dès qu'elle est retirée. En revanche, les constructeurs autos verraient satisfaite une autre revendication?: celle d'obtenir des garanties sur leurs emprunts. Ce dispositif serait piloté depuis Bruxelles. Ivan Best
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