La place de Paris se mobilise sur le développement durable

Le monde est passé tout proche d'une débâcle financière absolument totale », a martelé hier le président Nicolas Sarkozy, en clôture du forum organisé par Paris Europlace sur la Finance et le développement durable. Après avoir dressé un tableau noir de la crise à coups de formules chocs, le président de la République a une nouvelle fois pointé du doigt les hedge funds, les agences de notation et souligné le rôle joué par les États-Unis dans la crise. « La politique de l'argent quasi à taux zéro au service d'une ambition de développement a créé une bulle », avec des montants de dette en jeu faramineux. S'agissant des hedge funds, Nicolas Sarkozy a dénoncé, en l'absence de régulation, des fonds qui, avec l'argent des autres, démantèlent les sociétés et exigent des rendements aberrants. plus d'investissementIl a par ailleurs défendu son plan d'aide aux banques, face aux critiques dénonçant l'absence d'entrée de l'État au capital. « Si le sang ne circule plus ; il n'y a plus d'énergie dans notre système », a-t-il justifié. Et de préciser que 10 % du capital ne permettent pas de contrôler une société. Quant à nationaliser l'ensemble des banques, cela coûterait trop cher. Quand il s'agit de trouver les responsables, le président évoque les listes de ceux qui ont touché des bonus en 2007. « Est-il possible de les exonérer des pertes de 2008 ? » s'est-il publiquement interrogé. Le président a aussi plaidé en faveur de plus d'investissement dans l'industrie. Par anticipation Gérard Mestrallet, président de Paris Europlace, avait auparavant répondu à Nicolas Sarkozy : « L'urgence est à une meilleure transparence pour rétablir la confiance dans le fonctionnement des marchés, à une plus grande responsabilité dans les choix d'investissement et à une meilleure prise en compte du long terme. » « Les excès ont parfois détourné des ressources nécessaires à l'avenir et à la stabilité à long terme de nos sociétés. » Les Français sont apparemment sensibles au développement durable, selon un sondage réalisé par Opinion Way (« La Tribune » du 24 novembre). Reste qu'ils ne sont encore que 13 % à utiliser les instruments de finance durable. Inciter les professionnels à davantage prendre en compte des critères relatifs à l'environnement, au social et à la gouvernance dans leur gestion et à rendre compte de leur stratégie, mais aussi encourager les établissements financiers à distribuer ce type de produits devrait favoriser le développement de l'ISR. Côté transparence, Paris Europlace propose la création d'une plate-forme européenne de reporting en matière de responsabilité sociale des entreprises. Les associations professionnelles seraient prêtes à s'engager dans la mise en place d'une charte, en cours d'élaboration. La place appelle une nouvelle fois à des dispositifs réglementaires et fiscaux en faveur de l'épargne longue. « C'est le rapport au temps qui doit changer », a souligné Gérard Mestrallet. Y compris dans la rémunération des acteurs. L'association évoque enfin la nécessaire promotion des fonds de microfinance en Europe et en France, en augmentant le seuil des actifs à risque de 10 % à 15 % dans les fonds.Christèle Fradin et Aline Robert
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