Les cures remboursées au nom de l'emploi

Le thermalisme remonte aux temps les plus anciens, mais il reste très difficile de savoir, aujourd'hui, quelle est véritablement son efficacité sur la santé. La Haute autorité de santé (HAS), seule en mesure de trancher le débat de façon impartiale, ne se risque pas à se prononcer sur les cures. Interrogée, elle évoque des « études rares », de « faible niveau de preuve », qui limitent ses possibilités de recommandation.C'est dans ce contexte que le serpent de mer d'une baisse de prise en charge du thermalisme par l'assurance-maladie a refait surface, à l'occasion du budget 2009 de la Sécurité sociale, finalisé aujourd'hui, suscitant une contre-attaque du lobby thermaliste, qui promet la publication d'études « scientifiques » favorables aux cures.Dans l'attente d'expertises, les députés ont rejeté l'amendement du rapporteur UMP Yves Bur, qui proposait de ramener de 65 % à 35 % le taux de remboursement des cures. Reste que la HAS affirme n'être toujours pas saisie par le gouvernement pour évaluer les cures. Le seul organisme à plancher actuellement sur le sujet, l'Afreth (Association française pour la recherche thermale), est piloté par les exploitants thermaux.Ce manque de motivation à vouloir évaluer des bienfaits du thermalisme s'explique par les enjeux économiques et sociaux liés à cette activité. Les 118 établissements thermaux installés à travers 18 régions de France sont cruciaux pour les économies locales. C'est pourquoi les députés, de tous bords, se sont rendus en nombre à l'Assemblée, le 30 octobre, pour défendre les stations thermales lors de l'examen du projet de loi Sécu. « L'activité d'une station comme Bagnères-de-Luchon est fondée sur le thermalisme : 2.600 habitants en hiver, 12.000 en été. Tout l'emploi et toute l'activité commerciale [?] en dépendent », a fait valoir Jean-Louis Idiart (PS). Une dépense marginaleSelon le Conseil national des exploitants thermaux (Cneth), 120.000 emplois directs et indirects dépendent du thermalisme. Il représenterait 690 millions d'euros de dépenses induites et le montant du PIB thermal s'élèverait à 1 milliard d'euros, dont 45 % reviendraient à l'État au titre des prélèvements fiscaux et sociaux. À côté, les quelque 50 millions d'économies, que devait générer une baisse de la prise en charge des cures thermales, pèsent peu. Les cures ne représentent en fait qu'une dépense marginale pour la Sécu, d'un peu plus de 200 millions d'euros par an. « Ce n'est pas à l'assurance-maladie, déjà en difficulté, de payer pour maintenir le tissu économique des villes thermales », argumente Philippe Ulmann, du Régime social des indépendants (RSI), qui avait proposé en 2007 et encore l'été dernier, la baisse du remboursement des cures. « Certes, ces économies seraient loin de pouvoir rétablir les comptes de l'assurance-maladie. Mais ce n'est pas une raison pour ne rien faire, alors qu'il arrive sans cesse de nouveaux traitements à rembourser, efficaces et souvent onéreux. Il va falloir faire des choix. » Aucune majorité parlementaire ne se dessine encore en ce sens. Véronique Chocron
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