Le médiateur du crédit, René Ricol, n'a pas mâché ses mots concernant l'assurance-crédit. Invité hier à s'exprimer au salon Decid'assur à Paris devant un parterre de managers de l'assurance, il a estimé que « le modèle de l'assurance-crédit n'est pas adapté à une traversée de crise », soulignant la disproportion entre le volume de capitaux assurés (360 milliards d'euros) et le niveau des fonds propres des assureurs crédit en France (2,5 à 3 milliards d'euros). « Les assureurs crédit décotent des entreprises et les obligent à payer au comptant leurs fournisseurs créant une situation dramatique. L'arrêt d'activité est, dans la majorité des cas, brutal », a-t-il observé. Pour sa part, le leader du secteur, président du directoire du groupe Euler Hermes, Clemens von Weichs, interrogé par « La Tribune », estime qu'« il ne faut pas dire que l'assureur crédit ne fait qu'ajouter des contraintes supplémentaires aux entreprises déjà fragilisées par le contexte économique. Les entreprises conservent la capacité de négocier. Elles ont aussi d'autres leviers d'action pour réduire leurs charges, car elles peuvent profiter de la baisse des taux d'intérêt ainsi que de la baisse des coûts des matières premières, dont l'énergie, ou encore de la baisse de l'immobilier ». bilan très sévèreL'assureur reconnaît toutefois une « politique générale d'augmentation des tarifs » mais modulée « au cas par cas » entre 5 % et 50 % de hausse. De plus, même si Euler Hermes applique « une politique plus rigoureuse pour les nouvelles souscriptions », son volume d'acceptations reste stable autour de 700 millions d'euros. Alors que le médiateur René Ricol estime qu'il faut « chercher d'autres solutions que l'assurance-crédit pour soutenir la trésorerie des entreprises ». Il dresse un bilan très sévère?: « L'assurance-crédit est entrée dans la crise avec une image de performance, elle en sortira avec une image de procyclicit頻. Pour Clemens von Weichs, au contraire, « nous allons avoir encore neuf mois difficiles, mais nous avons montré notre capacité à réagir ». Il constate par ailleurs que « le dispositif lancé par les pouvoirs publics fonctionne très bien depuis son démarrage il y a trois mois?: 3.000 CAP (complément d'assurance-crédit public) ont été signés ». Séverine Sollie

latribune.fr

07 Avr 2009, 1:33

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