Il faudra sans doute attendre longtemps avant que cela n'arrive. Cinq ans, dix ans peut-être. Et pour l'heure, l'idée fait encore doucement sourire dans les chancelleries. Mais, en attendant, le tabou a été levé. Et par le chef de l'exécutif de Hong Kong en personne. « L'Asie doit travailler à une union monétaire, mais cette union ne sera possible que lorsque le yuan sera convertible », a déclaré Donald Tsang, avant d'ajouter : « Je ne sais quand ce jour arrivera car la Chine est un grand pays, mais ce jour-là, je pense que Hong Kong ne manquera pas d'envisager un régime de change fixe avec elle », ce qui, en d'autres termes, reviendrait pour cette région à abandonner ce même lien qui ancre actuellement sa devise depuis 1983 au dollar? Certes, Donald Tsang ne s'est exprimé que dans le cadre d'un forum d'investisseurs et s'est attaché à prendre des gants, en indiquant que cette transition pourrait prendre « de nombreuses années ». Le chef de l'exécutif ne peut de toute façon pas se permettre de mettre la charrue avant les b?ufs et faire courir à Hong Kong le risque de perdre son statut de place financière internationale en liant son sort à une devise qui n'est même pas pleinement convertible. Mais il n'empêche. Si le changement n'est pas pour demain, cette petite phrase en dit long sur les ambitions et les velléités chinoises. Et ce d'autant que Pékin réfléchit à la mise en ?uvre de certaines expériences, comme celle d'autoriser le paiement en renmimbi des transactions entre Hong Kong, justement, et la province de Canton. C'est en tout cas, et sans conteste, une pierre de plus dans le jardin américain. Un coup de boutoir supplémentaire pour le billet vert, après les appels en début de semaine de la banque centrale de Chine en faveur de l'adoption d'une nouvelle monnaie internationale de réserve, et après la gaffe hier de Timothy Geithner qui, à elle seule, a montré son efficacité pour faire dévisser le billet vert.Marjorie Bertouille

latribune.fr

07 Avr 2009, 1:31

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