Axa renonce à ses ambitions pour 2012

Les objectifs à long terme d'Axa sont devenus « obsolètes », selon le président du directoire Henri de Castries, qui s'exprimait hier lors de sa réunion annuelle avec les analystes financiers. Le plan Ambition 2012, défini par le groupe d'assurance en 2004, visait un doublement du chiffre d'affaires et un triplement du résultat opérationnel par action en 2012. Mais il prenait comme hypothèse une croissance annuelle de 8 % des marchés boursiers européens. Or l'indice Euro Stoxx 50 est actuellement inférieur de moitié par rapport à cette hypothèse. « Il faudrait que les marchés gagnent 35 % en 2009, puis encore 35 % en 2010 puis 8 % en 2011 et en 2012 pour conserver nos objectifs initiaux », évalue Henri de Castries, qui préfère mesurer la performance du groupe à l'aune d'« objectifs réalistes ». Pour autant, aucune nouvelle référence n'est fixée. « Nous attendons d'avoir une vision macroéconomique de la situation », explique Denis Duverne, directeur financier d'Axa. Pour déterminer de nouveaux objectifs chiffrés, il fixe deux conditions : le retour à une volatilité, quotidienne des marchés « normale », et une « vue claire sur la sortie de la récession ». Autant dire que ce n'est pas pour tout de suite.Pour 2008, les estimations de résultat opérationnel sont revues à la baisse. Il devrait se situer entre 3,6 et 4 milliards d'euros contre 4,9 à 5 milliards prévus jusqu'à la fin du premier semestre. Trois raisons principales sont invoquées. En premier lieu, le surcoût des couvertures des produits de retraite « variable annuities » aux États-Unis, dotés de garanties contre la baisse des marchés pour les clients, a pénalisé le résultat opérationnel de 500 à 600 millions. Ensuite, la baisse des actifs gérés aussi bien en assurance-vie qu'en gestion d'actifs entraîne une diminution des commissions, ce qui affecte le résultat opérationnel de ? 300 à ? 400 millions d'euros. Enfin, la nécessité d'accélérer l'amortissement des coûts d'acquisition différés des produits (en raison d'une profitabilité future moindre) devrait réduire de 200 à 300 millions le résultat opérationnel cette année. Ces chiffres supposent toutefois que les marchés restent stables jusqu'à la fin de l'année.Ces révisions ne doivent cependant pas occulter que, « malgré les circonstances extrêmes que nous vivons, le groupe est profitable », souligne Henri de Castries. « aucune pression »Comparant la situation actuelle avec celle de 2001-2003, il insiste sur les « différences substantielles » : les « revenus du groupe sont supérieurs et ses activités plus diversifiées ». De plus, avec 135 % de marge de solvabilité, soit 27 milliards d'euros (contre 20 milliards de capital requis), Axa estime sa solvabilité solide. « Nous n'avons aucune pression ni du gouvernement ni du superviseur pour augmenter notre capital », précise le directeur financier. D'après ses calculs, une baisse de 20 % des marchés actions (à compter de fin octobre) n'affecterait la solvabilité de l'assureur que de 8 points. En matière d'assurance dommages, l'assureur s'estime même dans une situation extrêmement confortable, selon son président, en raison du niveau des provisions. L'heure n'est donc pas à la remise en cause de son modèle économique ni de sa stratégie. Axa veut plus que jamais « devenir la société préférée » et le volet industriel de son plan Ambition 2012 reste d'actualité. Toujours à l'affût d'acquisitions, l'Axa se dit cependant très « disciplin頻 et préfère donner la priorité à des cibles avec une solide trésorerie.Séverine Sollie
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