Des signaux positifs pour l'économie nippone

Régis Arnaud,à Tokyo Cela fait vingt-cinq ans que je couvre le Japon. On ne me la fait plus : il n'y a pas de crise au Japon. Ceux qui disent que c'est le pays le plus touché par le ralentissement mondial racontent n'importe quoi » : ainsi s'exprime Karel Van Wolferen, auteur du classique « l'énigme de la puissance japonaise », et l'un des japonologues les plus reconnus au monde. D'autres économistes partagent ce point de vue. Foin des chutes de production industrielle (? 9,4 % en février) et des exportations (? 45,6 % en mars) : la crise n'est terrible que pour les exportateurs, plaident-ils. « Le Japon est comme un corps qui a mangé un aliment empoisonné, la demande mondiale, et fait une intoxication alimentaire. Il n'a pas de cancer. L'économie américaine, elle, a un cancer ! » abonde un chef d'entreprise français installé à Tokyo. Et de plaider que les exportateurs, après avoir liquidé leurs inventaires, tablent sur une reprise de la production dès avril ; que le pourrissement social en Europe et aux États-Unis n'est pas comparable à l'état psychologique de l'archipel, qui s'inquiète lorsque son taux de chômage atteint 4,4 %. Même la panne démographique du Japon se pare de nouveaux atours aux yeux de ce banquier français : « Aux états-Unis, ils doivent intégrer 1 million d'immigrés par an. En France, 62 % des jeunes diplômés n'ont pas d'emploi. Autant de problèmes que le Japon ne connaît pas. »Il est vrai que la machine industrielle se reprend. Les exportations ont progressé en mars (+ 2,2 %) par rapport au mois précédent, pour la première fois en dix mois. « Si cette tendance continue, il y a une forte chance que le PIB du second trimestre calendaire soit positif », se réjouit Kyohei Morita, de Barclays Capital. Mais le Japon ne profite pas de cette crise pour résoudre ses problèmes de fond et transformer son économie, par exemple en l'asseyant sur la demande intérieure et non plus sur la demande mondiale. La peur de manquerPlus de retraite et pas de filet de protection sociale pour une population qui vit dans la peur de manquer. Les plans de relance à répétition déroulés par le Premier ministre favorisent l'offre. Ils viennent soutenir des conglomérats comme Hitachi, ultra-morcelé (880 filiales), sans s'interroger sur les secteurs de l'avenir. Ces plans ont bien un volet demande, mais celui-ci a davantage été dicté par la perspective d'élections législatives prochaines que par un changement de philosophie économique. « Ils devraient profiter de cette opportunité historique pour se remettre en question. C'est ce que fait actuellement la Chine », plaide Karel Van Wolferen.
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