Retour à la réalité

En décembre 2007, Sotheby's France vendait 13,7 millions d'euros une toile de Francis Bacon estimée entre 7 et 10 millions. En décembre 2008, une autre ?uvre de l'artiste mise en vente par la même maison avec une estimation identique? n'a pas trouvé preneur. Voilà qui pourrait résumer la situation d'un marché de l'art qui n'a pas su résister à la crise économique et dont les années d'euphorie semblent achevées. Durant le premier semestre pourtant, le marché ne semblait pas vouloir plier. En mai, l'optimisme était même au plus haut lorsque l'on apprenait l'envol d'un nu de Lucian Freud à New York pour 33,6 millions de dollars et celui d'un triptyque de Bacon, qui atteignait la somme record de 86 millions.Les premiers indicateurs sont apparus en octobre avec une explosion des taux d'invendus (jusqu'à 50% pour des ventes qui s'annonçaient prometteuses) et des adjudications de lots atteignant à peine l'estimation basse. La déroute de l'art d'après-guerre et contemporain va jusqu'à entraîner dans son sillage les fameuses « valeurs refuges ». Un Picasso (« Marie-Thérèse et sa soeur lisant ») lâché à son estimation basse, un Matisse invendu, ont démontré que même les impressionnistes et les modernes subissaient la timidité des acheteurs.Guillaume Cerutti, PDG de Sotheby's France, ne s'inquiète pourtant pas, d'autant que sa maison s'est pour la première fois positionnée en tête des salles de vente parisiennes avec un résultat de 155 millions d'euros (soit +30% par rapport à 2007) contre 150,3 millions pour Christie's (-19%) suivi par Artcurial avec 93,7 millions (-25%). « Les acheteurs sont plus regardants sur les estimations, indique-t-il. Ils nous poussent à réévaluer les oeuvres avec des prix mieux adaptés à la situation actuelle. L'art contemporain, notamment russe et chinois, qui a connu une croissance très forte dernièrement subira les réajustements les plus forts. »Parmi les outsiders, on notera le street art qui continue à se faire sa place même si la dernière vente d'Artcurial n'a pas atteint les résultats de celle de février.La Fiac n'a pas connu de grosse débâcle. Certains galeristes voyaient même d'un bon ?il la fin programmée de l'affolement spéculatif. Façon de pointer du doigt le récent « coup » organisé par Damien Hirst qui s'est permis de déjouer les règles établies en mettant aux enchères 223 ?uvres à Sotheby's Londres sans passer par les galeries. Résultat de l'opération : 140,3 millions d'euros. Cette vente avait lieu mi-septembre. Juste avant que les premiers symptômes de la crise apparaissent de manière significative. Olivier Le Floc'h
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