Enel envisage une augmentation de capital pour payer les dividendes

En temps de crise et avec une dette publique stratosphérique, l'État italien n'entend pas renoncer aux dividendes de ses participations. Aussi le groupe d'énergie Enel, contrôlé par l'État à hauteur de 31,2 %, envisage-t-il de procéder à une augmentation de capital de l'ordre de 5 à 7 milliards d'euros afin de maintenir sa politique de dividende. L'indiscrétion publiée par le quotidien « Il Sole 24 Ore » a été confirmée par l'ancien monopole de l'électricité, parlant « d'une des options possibles actuellement à l'étude pour soutenir la croissance internationale réalisée avec l'achat d'Endesa ». Enel a en effet annoncé la semaine dernière le rachat des 25 % du groupe espagnol Endesa détenus par Acciona pour 11,1 milliards d'euros. Du coup, des agences de notation comme Moody's envisagent un abaissement de sa note, car l'endettement d'Enel atteint désormais 61 milliards d'euros, soit autant que son chiffre d'affaires de l'an dernier. Vache à lait pour l'État, tout comme le grand groupe pétrolier ENI, Enel devrait verser quelque 900 millions d'euros de dividendes à l'État au titre du dernier exercice. Il semble incongru qu'une société cotée demande un apport de capital de ses actionnaires pour les rémunérer ensuite par dividendes. Mais pour le Trésor italien, l'astuce comptable semble résider dans le fait qu'une société contrôlée par lui, la Sace, souscrirait cette augmentation de capital sans que cela grève immédiatement les comptes publics. Éventuellement, les autorités publiques encaisseraient quand même les 900 millions de dividendes sans payer directement l'injection de capital. L'apport de l'État à Enel correspondrait en effet à la moitié du plan de relance gouvernemental pour faire face à la crise?Le titre en Bourse a souffert de l'annonce (? 8 % en séance), tombant à son plus-bas depuis le début de l'année. Pour réduire son endettement, Enel a prévu de céder son réseau gazier pour plus de 1 milliard d'euros. Son réseau d'électricité pourrait être aussi sur sa liste de cessions. Le groupe dirigé par Fulvio Conti a prévu aussi de placer en Bourse sa filiale d'énergies renouvelables, Enel Green Power, mais, au vu de la tempête sur les marchés boursiers, ce projet semble repoussé à des jours meilleurs.Frank Paul Weber, à Rome
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