La peur de l'autocratie à l'université

Voté en août 2007, le texte sur l'autonomie des universités entretient depuis janvier la grogne des universitaires, qui descendent à nouveau dans la rue aujourd'hui. Le projet de décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs a attisé à nouveau les craintes de voir le président d'université, nouveau « manager » de son établissement autonome, concentrer tous les pouvoirs, en particulier en matière de gestion de ses ressources humaines (nominations, promotions, évaluations, etc.). Le gouvernement a dû faire des concessions, notamment concernant les promotions, qui resteront attribuées pour moitié au niveau local (l'université) et pour moitié au niveau national (Conseil national des universités).contraintes localesPour autant, le décret définitif tel que publié samedi ne règle pas foncièrement le problème pour les contestataires. Pour le collectif Défense de l'université, si la fameuse « évaluation-sanction » (il était prévu que l'enseignant-chercheur faisant peu de recherche doive assurer plus d'heures d'enseignement) ne figure plus dans le texte, l'accent mis par le ministère sur l'évaluation « ne doit pas faire illusion ». Pour Jean-Louis Fournel, président de Sauvons l'université, « l'accord de l'intéress頻 désormais obligatoire ne gomme pas le poids des contraintes locales, l'« intéress頻 n'étant pas à l'initiative. Bref, les risques d'alourdissement ? ou d'allégement ? de service, dispensés par les instances locales, sont toujours là. « Le système rend possible toutes les dérives dont, dans certains cas, l'arbitraire de l'équipe présidentielle », craint Olivier Beaud, à la tête de la fronde des juristes, estimant qu'il faut redonner au conseil scientifique la place centrale qui lui revient.Plus largement, d'aucuns critiquent l'absence de contre-pouvoir, le conseil d'administration étant réduit et les personnalités extérieures nommées par le président. D'ailleurs, relève Bertrand Monthubert, secrétaire national du PS en charge de l'enseignement supérieur, « la conférence des présidents d'université (CPU) n'est pas nécessairement demandeuse de plus de pouvoir », l'afflux de responsabilités étant lourd à gérer. En plein conflit, la CPU, excédée de concentrer toutes les attaques, a d'ailleurs tenu à rappeler que « le président est un enseignant-chercheur, chercheur ou assimilé, élu par les membres élus du conseil d'administration ». Aussi est-il « soucieux de l'indépendance de l'université et des universitaires », n'ignorant pas qu'il reviendra à ses activités d'enseignement et de recherche à l'issue de son mandat de quatre ans (renouvelable une fois) et qu'il n'a donc aucun désir de voir sa « liberté d'enseigner et de chercher encadrée de façon arbitraire ». Est-ce là un garde-fou ? À tout le moins, là s'arrête le parallèle avec les directeurs d'hôpitaux, non issus du sérail.
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