La créativité fiscale est une spécialité française, que nous avons longtemps cultivée à l'intérieur de nos frontières, pour le plus grand inconfort du contribuable tricolore. Mais depuis quelques années, les Français exportent ce savoir-faire, avec de multiples propositions de nouvelles taxes internationales. Jacques Chirac avait ainsi initié la création de la « taxe de solidarit頻 sur les billets d'avion en 2005, dont le produit finance la lutte contre le sida. Onze pays seulement l'ont adoptée à ce jour. Il avait également proposé une taxe sur les ventes d'armes, avec le président brésilien Lula, qui n'a pas vu le jour.La taxe sur les 3.000 milliards de dollars de transactions quotidiennes de change, improprement appelée taxe Tobin (voir ci-contre), est l'un des grands classiques de la rhétorique politique française lors des campagnes électorales, notamment à gauche. Jospin en 1995Lionel Jospin l'avait défendue en préparant l'élection présidentielle de 1995, puis lors de la campagne de 2002, malgré les réserves de Dominique Strauss-Kahn, qui considérait qu'il s'agissait d'un projet chimérique, à cause de l'opposition qu'elle suscitait, en particulier dans les pays où se situe l'essentiel du marché des changes, le Royaume-Uni et les États-Unis.Pur hasard, la proposition française intervient à nouveau pendant une campagne électorale. Pur hasard encore, Sarkozy et son ministre des Affaires étrangères reprennent une idée promue par la gauche et par les Verts ? Daniel Cohn-Bendit demandait dans nos colonnes la semaine dernière qu'elle soit appliquée au niveau européen. La « triangulation », cette stratégie politique consistant à utiliser les arguments de son adversaire politique pour conquérir son électorat, vient de trouver une nouvelle illustration. François Lenglet

latribune.fr

11 Juin 2009, 1:39

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