Valeurs à la casse

Les investisseurs le savent. Les marchés financiers sont coutumiers des excès, des montagnes russes et des à-coups brutaux. C'est dans leur nature. Mais avec le coup de tabac d'hier, qui a fait rechuter à la mi-journée le CAC 40 à des niveaux inconnus depuis trois ans, c'est bien une nouvelle étape qui a été franchie. Depuis des mois, un véritable cercle vicieux tire les marchés par le fond : crise immobilière, fragilisation du système financier, recul du dollar, envolée des prix du pétrole, regain de l'inflation, recul de la consommation... Que ce véritable engrenage ait fait chuter les grandes places européennes continentales de plus de 20 % depuis le 1er janvier, que New York et Londres aient cédé plus de 15 % n'a donc rien d'étonnant. Non, ce qui frappe cette fois, c'est la violence de la correction ayant emporté des secteurs industriels traditionnellement considérés comme défensifs et la brutalité du plongeon de certaines stars du CAC 40. Les fabricants de biens de consommation ont cédé plus de 30 % à Paris, les valeurs alimentaires presque autant. Bien qu'il ait réussi son repositionnement vers ce que les spécialistes appellent les alicaments, ces " aliments médicaments ", Danone a abandonné 27 % depuis le 1er janvier. La descente aux enfers des constructeurs automobiles et de leurs équipementiers est plus spectaculaire encore, près de 45 %. Renault, aux perspectives immédiates un peu sombres mais dont la filiale à bas coûts, Dacia, est unanimement considérée comme une réussite stratégique capitale pour l'avenir, a vu fondre sa capitalisation boursière de près de la moitié. Et alors que les grands industriels de l'aéronautique engrangent commande sur commande, les titres Latécoère et Reims Aviation se sont effondrés de plus de 55 %, EADS, la maison mère d'Airbus, de plus de 44 %. Les titres de certaines valeurs prospères sont aujourd'hui à la casse. Dans cette tourmente, certaines entreprises sont portées à des niveaux de valorisation qui n'ont plus rien à voir avec leurs " fondamentaux ". Pis même, inférieurs à la valeur de leurs actifs - leurs usines, leurs terrains, leurs marques, leur trésorerie, etc. Dans de telles conditions, pour leurs actionnaires comme pour leurs dirigeants, les marchés ne peuvent plus servir de boussole. Mais, après tout, d'un mal peut sortir un bien. Cette Berezina peut être l'occasion pour les investisseurs comme pour les PDG de ne plus fonder leur stratégie sur le seul cours de Bourse, mais de l'appuyer sur une vision à long terme.
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