Crossject a testé l'injection sans aiguille

C'est à Londres, en février, que Crossject et Glaxo-SmithKline, le numéro un mondial du vaccin, ont présenté conjointement les résultats d'une étude clinique sur l'injection sans aiguille d'un vaccin contre la grippe, menée l'an dernier sur 100 patients en Belgique. Une première mondiale qui marque une étape décisive dans le développement de Crossject, une biotech de 20 personnes dont le siège est à Paris, mais dont la plate-forme R&D, qui emploie 10 personnes, est installée à Chenôve (Côte-d'Or). L'étude de faisabilité d'un système d'injection sans aiguille utilisant une technologie pyrotechnique a fait l'objet, dès 1998, d'un partenariat entre Fournier Pharma et la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE). Le concept est validé, mais les deux partenaires jugent qu'il est trop tôt pour le pousser sur le marché. Huit scientifiques s'associent alors, en juillet 2001, autour de Gérard Heinrich, issu d'Aventis, pour fonder Crossject. Nouvelle levée de fonds. La biotech va investir 15 millions d'euros dans la poursuite du projet, avec le soutien d'Oséo Anvar (850.000 euros d'aides remboursables), du crédit impôt recherche et de partenaires industriels - la SNPE toujours, mais aussi par exemple le groupe Schott dont la filiale Formavitrum à Saint-Gall (Suisse) réalise le tube en verre de l'appareil. Dévoreur de capitaux, le projet va nécessiter bientôt, probablement cet été, une nouvelle levée de fonds "de plusieurs millions d'euros", précise Patrick Alexandre, directeur général de Crossject. La commercialisation du premier médicament à s'injecter sans aiguille est espérée, une fois passée sous les fourches Caudines de l'autorisation de mise sur le marché, à l'horizon 2008-2009. L'argumentaire destiné à séduire les laboratoires, lui, est prêt : l'injection sans aiguille, qui consiste à faire pénétrer le produit dans l'organisme sous l'effet de la vitesse (100 mètres par seconde grâce à une réaction chimique), remédie à la phobie de la piqûre qui touche 10 à 30 % de la population ; mais surtout, elle supprime tout risque de contamination (800.000 accidents chaque année aux États-Unis, qui "coûtent" chacun quelque 800 euros) ; enfin, elle autorise une utilisation facile - par exemple dans les situations de catastrophe naturelle en l'absence de personnel médical. Reste que cette invention présente, par rapport à une seringue préremplie, un surcoût d'environ 1,50 euro par dose. Mais fort de ses arguments, Crossject se fixe pour objectif la commercialisation de 150 millions de doses par an, sur les 12 milliards d'injections pratiquées dans le monde. Alexandra Caccivio-Bouillot, à Dijo
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