Politique cherche spéculateur

Les autorités américaines sont décidées à agir pour calmer la hausse inexorable des prix du baril de pétrole. Dans leur ligne de mire se trouve le Nymex, le marché de l'énergie de New York. La Commission des transactions des dérivés de matières premières (Commodity Futures Trading Commission-CFTC) est chargée de mener l'enquête. Le monde politique soupçonne que le marché est partiellement manipulé. Il est surtout à l'unisson de la grogne populaire, la hausse du coût de la vie n'étant jamais très bien vue pour se faire élire alors que les États-Unis sont en pleine campagne électorale présidentielle. Aussi, les spéculateurs, dont l'image d'Épinal renvoie à des individus qui gagnent facilement de l'argent sur le dos des autres, apparaissent comme des boucs émissaires idéaux. Car force est de constater que les pouvoirs politiques - la réunion du G8 l'illustre - n'ont pas fait preuve jusqu'à aujourd'hui de beaucoup d'imagination ni d'action pour tenir compte du fait que la demande pétrolière augmente plus vite que l'offre. Pour l'instant, aucune manipulation n'a été démontrée. Indéniablement, les marchés des matières premières attirent des capitaux. La Banque des règlements internationaux (BRI) évalue à 4.780 milliards de dollars la valeur des transactions réalisées en 2007 sur les Bourses de matières premières aux États-Unis contre 4 milliards de dollars en 1976. Hier, le London Metal Exchange (LME), premier marché de métaux non ferreux, annonçait une hausse semestrielle de 17,5 % du nombre des transactions (plus de 54 millions) par rapport à la même période 2007, représentant une valeur de 5.600 milliards de dollars. Or le nombre croissant de participants permet d'améliorer la liquidité - aucun souci pour trouver un acheteur ou un vendeur - et de rendre plus difficile la manipulation du marché. Paradoxalement, certains produits de base comme le minerai de fer, le riz ou le molybdène ont vu leur prix s'envoler sans être cotés sur un marché à terme. En juin, la décision de l'Inde de suspendre l'activité des marchés à terme de matières premières n'a rien changé pour le moment. La CFTC doit rendre son rapport en septembre. Elle devrait constater que casser le thermomètre n'a jamais fait baisser la fièvre.
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