Les restructurations s'accélèrent en Espagne sous la pression de la banque centrale

En une semaine, quatre plans de fusions de caisses d'épargne ont été annoncés en Espagne. Même les deux plus grandes caisses du pays, Caja Madrid et La Caixa, sont entrées dans la danse. La première est ainsi en discussions avec Caixa Girona tandis que la seconde se trouve en phase préliminaire de négociations avec cinq autres caisses. Le bal des fusions s'est soudainement accéléré la semaine dernière, alors que, près de trois ans après le début de la crise, la restructuration du secteur, pourtant plébiscitée, semblait à peine engagée. Une raison en est que le Fonds de restructuration ordonnée bancaire (Frob), chargé de soutenir la reconfiguration des finances espagnoles, prend fin le 30 juin. La Banque d'Espagne a d'ores et déjà prévenu qu'elle ne repoussera pas ce délai, ce qui laisse peu de temps aux entités qui veulent bénéficier de l'appui du FROB pour leur fusion.Les mesures prises par la Banque d'Espagne depuis dix jours ont aussi poussé les caisses à accélérer le mouvement. La saisie de CajaSur, le 22 mai, a montré la détermination du superviseur à mener à bien l'assainissement du secteur. Par ailleurs, la banque centrale a proposé mercredi dernier de durcir les obligations de provisions des banques. Quand cette réforme de la norme comptable entrera en vigueur, dans un mois environ, les caisses devront ainsi provisionner 100 % des créances douteuses un an après qu'elles ont été déclarées comme telles. « Il s'agit clairement de messages adressés aux caisses en difficulté », analyse Jordi Fabregat, économiste à l'Esade.sacrifices importantsCompte tenu de l'urgence, et des difficultés à trouver un accord de fusion, qui demande souvent des sacrifices importants, plusieurs rapprochements en cours se dessinent dans le cadre d'une fusion dite « froide ». Ce « système institutionnel de protection » permet aux caisses de conserver leur identité et leur réseau commerciaux, tout en mutualisant la trésorerie et la politique de crédits. C'est ce que prévoient de faire Caja Madrid et ses cinq partenaires.Cependant, si les fusions froides permettent de passer outre les réticences politiques, « il n'est pas certain que la nouvelle structure permette de réduire significativement les coûts, ce qui est pourtant le but recherché par les fusions », estime Jordi Fabregat. Quoiqu'il en soit, la banque d'Espagne pousse les caisses à accélérer les fusions sous toutes leurs formes, car le système financier qui en ressortira sera plus fort : « les entités, plus grandes et solvables, auront un accès plus aisé aux marchés extérieurs pour se financier », estime l'économiste. Une mutation indispensable, alors que l'agence Fitch a baissé vendredi dernier la note de l'Espagne de AAA à AA+. Gaëlle Lucas, à Madrid
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