Les banques suisses exposées aux conséquences du vote anti-minarets

éférendumLes dignitaires des Émirats arabes unis étaient trop occupés par la glissade des marchés boursiers et les inquiétudes planétaires sur la dette de Dubaï, ce lundi, pour prendre le temps de réagir au vote des Suisses de dimanche. Et si aucun appel au boycott ne s'est encore fait entendre, le premier réflexe des milieux économiques a été de rentrer la tête dans les épaules.À l'image des hôteliers genevois, pour qui les séjours de ressortissants des pays du Golfe représentent un dixième des revenus et 6 % des nuitées. Passé le « choc » de cette « réaction cutanée inutile », le président des hôteliers genevois, Paul Muller, espère tout bonnement qu'il ne « se passera rien ». Mais, sous couvert d'anonymat, le directeur d'un 5 étoiles de la place évoque, lui, une « catastrophe ».Plusieurs observateurs ont souligné hier la part relativement faible des pays musulmans dans le commerce extérieur de la Suisse : environ 5 % des exportations globales. Pour Andrin Waldburger, du cabinet de conseil Deloitte à Zurich, l'initiative contre la construction de nouveaux minarets « n'aura pas beaucoup d'influence ». Selon lui pourtant, le vote pourrait avoir un impact plus concret sur le secteur financier.« Je ne vois pas pourquoi la clientèle du Golfe retirerait ses avoirs de Suisse », s'étonne Philippe Steffen, patron de la société de gestion institutionnelle Oryx Finance, à Genève. « Où mettraient-ils leurs fonds : à Dubaï ? »D'autres ont justement leur idée : la sénatrice française Nathalie Goulet, vice-président du groupe d'amitié entre la France et les pays du Golfe, a appelé lundi les ressortissants de ces pays à retirer « leurs avoirs des banques suisses » après ce vote « xénophobe et scandaleux ».En l'absence de chiffres officiels sur les sommes gérées par les établissements suisses, les statistiques de la BNS sur le bilan des banques donnent un aperçu des sommes en jeu. Selon ces données datant de 2008, les avoirs en provenance des pays musulmans se montent à quelque 70 milliards de francs suisses (46 milliards d'euros). En proportion, cette somme les place à un niveau semblable à l'Allemagne (53 milliards d'euros) ou à la France (33 milliards).« Mauvais signal »« Nous allons vers des moments plus délicats avec la clientèle musulmane, reconnaît un gérant. Mais cette décision n'a rien à voir avec la réalité des affaires qui ne se fonde pas sur des considérations d'éthique. » Unique commentaire officiel de la branche, l'Association suisse des banquiers dit craindre « un mauvais signal donné au monde islamique ». François Pilet, avec Yves Genier et Yves Hulmann (« Le Temps »)
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.