Gel des avoirs libyens : un casse-tête surtout pour l'Italie

Tripoli ne répond plus. Alors qu'au cours des dernières années, le régime libyen de Mouammar Kadhafi a multiplié les prises de participations (pour un total d'environ 4 milliards d'euros) dans les fleurons de l'industrie italienne, les dirigeants transalpins s'inquiètent aujourd'hui de l'évolution de la situation de l'autre côté de la Méditerranée. Il y a quelques jours, le président d'Unicredit, la plus grande banque transalpine (par capitalisation boursière), Dieter Rampl a ainsi confié qu'il avait à plusieurs reprises cherché à contacter par téléphone son vice-président, le gouverneur de la banque centrale de Libye (CBL), Farhad Omar Bengdara. En vain. « Je suis préoccupé », a admis Dieter Rampl alors que Farhad Omar Bengdara représente au conseil d'administration le principal actionnaire de la banque avec 7,2 % des parts. Les Libyens possèdent également via leur fonds souverain 2 % du géant de l'industrie militaire Finmeccanica (contrôlé par l'État italien), 7,5 % du capital du club de football de la Juventus de Turin ou encore près de 2 % de l'Eni, la société nationale des hydrocarbures. «Nous avons encore des contacts avec quelques uns de nos partenaires libyens sur place même s'il est difficile de comprendre comment la situation va évoluer », indique un haut-responsable du géant pétrolier italien. Au siège de la société italienne des hydrocarbures, on assure en tout cas que la présence libyenne dans le capital de la société n'a en revanche « aucune influence sur la direction de l'entreprise, vu qu'il ne sont pas présents au conseil d'administration ». Il n'empêche, les titres des sociétés italiennes à participation libyenne ont souffert au cours des derniers jours à la bourse de Milan.Biens personnels de KadhafiÀ Rome, à la suite de la décision des Nations Unies de geler les avoirs du leader libyen et de sa famille à l'étranger, on s'interroge sur ces participations dans l'économie de la péninsule détenues formellement par la banque centrale ou le fonds souverain (LIA) libyens. Doivent-elles être assimilées aux biens personnels de Kadhafi et être donc l'objet des sanctions ? Le Comité italien sur la sécurité financière devait se réunir mardi à propos de la possibilité de bloquer ces paquets d'actions afin d'éviter que le colonel libyen et ses proches ne les mettent sur le marché pour obtenir des liquidités. Reste que le ministre de l'Économie Giulio Tremonti ne souhaite pas précipiter les choses tant que Mouammar Kadhafi est encore en place : « l'issue des changements en cours n'est pas encore claire », a-t-il souligné. Le président de la banque BPM et de la société de construction Impregilo, Massimo Ponzellini se veut rassurant même en cas de renversement du régime de Kadhafi : « les nouveaux arrivants chercheront à apparaître comme des interlocuteurs fiables. Ils n'auront par exemple pas intérêt à vendre leur actions Unicredit ».Les États-Unis identifient de leur côté la banque centrale et le fonds souverain libyens comme étant contrôlés par Kadhaf : le Trésor américain vient du coup de « geler » 30 milliards de dollars d'actifs reconductibles à ces fonds libyens. Similairement, le groupe d'édition britannique Pearson (« Financial Times », Penguin) considère que les 3,27 % de son capital détenus par la LIA sont également « gelés » suite aux sanctions de l'ONU.
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