Le rachat d'AIA par Prudential est très compromis

30,37 milliards de dollars : c'est le nouveau prix que proposait prudential pour acquérir AIA.Le directeur général de l'assureur Prudential, Tidjane Thiam, n'a pas réussi à convaincre le conseil d'administration d'AIG et son actionnaire majoritaire, le Trésor américain. S'il veut acquérir AIA, la branche asiatique de l'assureur américain, Prudential devra débourser 35,5 milliards de dollars, comme prévu lors de l'annonce de l'opération il y a deux mois. L'échec des négociations de dernière minute pour réduire la facture de l'opération risque de la compromettre totalement. Prudential a précisé dans un communiqué avoir tout tenté pour la ramener à 30,375 milliards de dollars. En vain. « Le conseil d'administration de Prudential réfléchit à sa position. Une nouvelle annonce sera faite au moment approprié », commentait sobrement le géant britannique mardi matin. Un vote des actionnaires était censé avoir lieu le 7 juin afin d'entériner « l'accord du siècle » annoncé le 1er mars. Et c'est justement pour rallier les réfractaires que Tidjane Thiam a tenté d'en renégocier les termes. Bon nombre d'actionnaires jugeaient le prix d'AIA trop élevé au regard des perspectives asiatiques de l'assurance, et surtout de l'instabilité actuelle des marchés financiers (la valeur d'AIA a fondu de 15% depuis l'annonce de l'accord le 1er mars). « Nous pensons que c'est fini, explique Barrie Cornes, analyste chez Panmure Gordon. A moins que AIG ne change d'avis, nous pensons que l'accord va s'écrouler car Prudential ne réunira pas un soutien suffisant pour poursuivre l'acquisition. » Les investisseurs pensent de même et s'en félicitent : l'action Prudential a gagné 6,3 % à la Bourse de Londres. La société devra tout de même payer 153 millions de livres sterling de compensation si elle revient sur son engagement.affrontTidjane Thiam pourrait bien jeter l'éponge avant le 7 juin pour éviter de subir l'affront d'un vote négatif. Dans les deux cas, son avenir à la tête de la société se trouvera posé. Directeur général de Prudential depuis octobre 2009 seulement, il a tenté une politique plus agressive alors que la société avait toujours été gérée très calmement. Lance Burbidge, analyste chez Redburn Partners, estime que désormais « les actionnaires de Prudential doivent décider s'ils veulent ou non pousser vers une scission du groupe entre ses actifs asiatiques et européens (évoquée ces dernières semaines). D'autant que Prudential apparaît clairement sous-cotée et qu'elle pourrait susciter l'intérêt d'autres parties ». Un avis qui n'est pas vraiment partagé par Anthony Silverman, analyste equity chez Standard & Poors Equity Research. « La réaction des investisseurs à l'accord avec AIA montre bien que personne n'a les moyens ni l'envie de réaliser une acquisition importante pour le moment. Les actifs britanniques de Prudential suscitent sans doute des convoitises mais tout mouvement me paraît très improbable. » L'heure n'est pas encore au repos pour Tidjane Thiam.
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