L'entreprise est une personne

Prenez deux dirigeants d'entreprise et deux consultants d'un grand cabinet. Placez au milieu un journaliste incisif. Et écoutez-les débattre sur le thème « transformer l'entreprise pour prendre un temps d'avance ». « Être en réaction demande beaucoup plus d'énergie que d'agir par soi-même. Quand on bouge, on impose son rythme et sa cadence. Le plus important étant de regarder où l'on va et d'identifier les écueils », avance le premier patron (Olivier Roussat, DG de Bouygues Telecom). « Diriger, c'est transformer, enchaîne l'autre grand leader (Christophe Cuvelier, PDG de la Fnac). Pour éviter la mort lente de la grenouille dans la casserole d'eau froide sous laquelle on monte le feu, mieux vaut la plonger dans l'eau bouillante. Elle saute et force ainsi le mouvement. » Et le consultant (André Benoît de Jaegere, de Capgemini Consulting) d'en déduire : « Donner l'impulsion pour assumer son destin et non le subir, réinventer l'histoire pour donner du sens. » « Paroles, paroles », comme chantait Dalida?? À entendre ces professionnels débattre ainsi autour de l'organisation, m'est venu à l'esprit que - pour paraphraser Dolto - « l'entreprise est une personne ». À l'image de l'individu, elle traverse des crises, doute de ses succès, se désole de ses échecs et se lève tous les matins en se demandant comment faire face à cette journée infernale qui l'attend, à tout ce qu'il faut gérer en permanence sans avoir le temps de se projeter, de se poser un instant pour interroger son désir. « Ne pas être soumis à la dictature du court terme. C'est la chose la plus difficile », confirme l'homme qui vend des disques, des téléviseurs, des ordinateurs et des iPad (depuis six jours). différence de maturitéLa solution ? « Prioriser, décider l'important par rapport à l'accessoire. » Il ne vous est jamais venu un jour à l'esprit que, non décidément, cette fois-ci vous n'y arriverez pas ? Que la vie est trop lourde, qu'il y a trop de montagnes à soulever ? On quitte la maison en laissant derrière soi les factures, on arrive au bureau avec des semelles de plomb, et on ne sait déjà plus où donner de la tête. Ne pas se noyer, c'est savoir discerner pour voir autrement. Pour mettre un pas devant l'autre sereinement et justement ne pas subir. Oui, mais voilà : « Toutes les entreprises n'ont pas la même maturité face à la transformation. Il y a celles qui ont développé une intelligence de l'action, d'autres qui ont évolué par processus réguliers, et puis celles qui découvrent qu'elles vont devoir bouger et qu'il leur faudra un long temps d'apprentissage », souligne l'autre consultant (Xavier Hochet, directeur exécutif de Capgemini Consulting). Comprendre le niveau de maturité : essentiel pour l'organisation, essentiel pour l'individu. De même qu'il faut bien se connaître, savoir évaluer son potentiel, prendre soin de soi pour ne pas se mettre inutilement en difficulté dans des défis insurmontables, il faut étudier la nature de l'entreprise, ne pas se tromper sur ce qu'elle est vraiment et ce qu'il est possible de faire. Pour chacun?: écouter, parler, mettre en mots. Peu importe les moyens, c'est le chemin qui compte et ce qu'on trouve sur la route qui va permettre de prendre le bon embranchement au meilleur moment. S'allonger sur un divan, s'épancher auprès d'un ami, pour trouver sa voie (et sa voix). De même, il faut tendre l'oreille à l'organisation, savoir lui poser les bonnes questions, animer le débat et la controverse. Et les consultants de conclure : « La stratégie de transformation n'est pas une stratégie business. » Quand je vous dis que l'entreprise est une personne...
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