Paul Smith : « On ne bâtit rien sur du vide »

Depuis plus de vingt ans, le créateur anglais élève sa marque éponyme au rang d'univers singulier. Séduisant tout autant les hommes, par un vestiaire « classic with a twist » mais aussi les femmes, le monde du design, il lance à l'automne, en partenariat avec le groupe Zannier (le spécialiste de la mode enfant) sa mode junior (un concentré de touche rock, de matériaux nobles, de « casual » et d'impertinence). Sa réussite est annoncée. En une saison (six mois), le budget prévisionnel 2010 est d'ores et déjà bouclé. Non content d'être un créatif, Paul Smith est aussi un excellent chef d'entreprise. En ces temps de crise, son entreprise continue de réaliser une croissance à deux chiffres. Avec au tableau : un endettement zéro, un cash-flow optimal, une rentabilité mesurée (la majorité des bénéfices étant réinvestie dans l'entreprise), une distribution majoritairement contrôlée au travers de ses propres magasins (leur nombre ne cesse de croître). Paul Smith pourrait perdre pied. Ce serait mal le connaître. À 64 ans, rien ne l'arrête. Lord Smith est un créatif pragmatique, un chef d'entreprise avisé. Pour preuve, la Chine. « Autant nous sommes très présents à Hong Kong, autant je suis très prudent en Chine intérieure. À Shanghai ou Pékin, le prix au mètre carré est très cher (hallucinant même), la visibilité du marché est encore incertaine. C'est la même problématique en Russie ; je préfère aller doucement. Nous n'avons pas besoin de vivre avec les yeux rivés sur la ligne de rentabilité pour satisfaire les actionnaires. Nous allons à notre propre rythme. J'aime ouvrir des magasins dans le monde, mais pas à n'importe quel prix, ni n'importe comment. Je préfère développer mon univers. Je ne me suis jamais arrêté à la seule mode, je me suis toujours intéressé à la culture, à la musique, à la peinture, à la photo, aux antiquités. C'est eux qui nourrissent la mode, et non l'inverse. Aussi, nous investissons tous ces domaines pour créer dans chaque magasin un espace particulier qui représente l'une des facettes de mon univers. Imaginez demain vos enfants lorsqu'ils arriveront dans telle ou telle ville, et qu'ils découvriront les mêmes magasins de Tokyo à Las Vegas, Paris, New York ou Londres ; tout d'abord, ils les considéreront comme vieux et ils rejetteront l'uniformité, l'absence de sens. Je suis convaincu qu'il nous faut savoir générer de la diversité. On ne bâtit rien sur du vide. Il nous faut être dans la vie. La mode ne peut être déconnectée du monde. » I. L.
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