Le dollar au plus bas de l'année face au yen

Miné par les déceptions macroéconomiques, le dollar est resté sous pression vendredi face à l'euro et surtout au yen. Dans le sillage de la publication du PIB américain, ressorti inférieur aux attentes et en décélération par rapport au premier trimestre, la monnaie japonaise a crevé pour la première fois de l'année le seuil de 86 yens pour un dollar, inscrivant ainsi son plus haut niveau depuis le 30 novembre dernier. Le billet vert avait déjà enregistré la veille un plus bas de presque trois mois face à l'euro, à 1,31 dollar. À la veille du week-end, la monnaie unique s'échangeait toujours autour de 1,3050 dollar, les cambistes interprétant la statistique très attendue comme un nouveau signe d'un rééquilibrage de la croissance en faveur de la zone euro.Risques de déflationMeilleurs que prévu, l'estimation finale de l'indice de confiance des consommateurs du Michigan et l'indice des directeurs d'achat de Chicago ont certes inversé la tendance dans l'après-midi et permis au dollar de se stabiliser. Mais l'anticipation d'une poursuite de l'affaiblissement du billet vert fait son chemin chez les professionnels. Pour peu qu'il renoue à court terme avec le seuil de 1,31 dollar, l'euro pourrait ainsi déclencher un signal d'achat et grimper jusqu'à 1,46 dollar, estiment les économistes de la banque Sumitomo Mitsui. Nomura a de son côté abaissé ses prévisions à 90 yens pour un dollar au troisième trimestre, contre 95 yens précédemment, et à 87,5 yens contre 97 yens pour la fin de l'année. La banque explique prendre en compte le ralentissement de l'économie américaine, mais également le maintien des taux d'intérêts de la Fed dans leur fourchette de 0 % à 0,25 % au moins jusqu'au quatrième trimestre 2011. Car au-delà d'un différentiel de croissance, c'est bien la politique monétaire de la Fed qui est scrutée par les intervenants. Pourtant rangé dans le camp des « faucons » favorables à la lutte contre l'inflation, le président de la Fed de Saint-Louis James Bullard s'est ainsi inquiété jeudi soir des risques de ralentissement économique et de déflation menaçant l'économie américaine. Et de militer pour une éventuelle extension du programme d'achat d'obligations de 1.450 milliards de dollars bouclé en mars par la Fed. « Je pense que tout le monde au Comité est totalement d'accord avec l'idée que nous prendrions d'autres mesures si les choses vont mal », a-t-il à nouveau expliqué vendredi sur CNBC.Faute de pouvoir baisser les taux, l'injection de nouvelles liquidités serait la seule politique monétaire possible pour relancer la croissance et combattre la déflation. Mais faire à nouveau marcher la « planche à billet » pourrait affaiblir durablement le billet vert. Julien Beauvieux
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