Rentrée scolaire : et si la France investissait mieux dans son école ?

« Force est de constater que, si l'école a réussi ces dernières décennies à s'ouvrir à tous, elle n'a pas encore réussi à assurer la réussite de chacun. » Le constat fait par Luc Chatel mardi lors de sa conférence de presse de rentrée est largement partagé. Il est régulièrement rappelé par les données de l'OCDE (enquête triennale Pisa sur le suivi des acquis des élèves et indicateurs annuels) et, récemment, par un rapport de la Cour des Comptes et les évaluations nationales effectuées en primaire. Les acquis restent moyens à l'aulne des comparaisons internationales et surtout, les inégalités sociales ne s'estompent pas et la proportion d'élèves en grande difficulté voire en décrochage scolaire, ne faiblit pas. La faute à qui ? A la baisse de ses investissements dans l'éducation (3,9 % du PIB en 2006 contre 4,5 % en 1995) ? Aux suppressions de postes qui s'accélèrent (65.500 entre 2007 et 2011) ? A des rythmes scolaires trop lourds ? A une faible valorisation du métier d'enseignant ? Métier mis en danger, craignent les syndicats, par une formation pratique revue à la baisse à partir de cette rentrée.Comparaisons internationalesEn fait, les comparaisons internationales montrent que les choses ne sont pas si simples. La réussite d'un système n'est pas forcément liée au salaire des professeurs ou aux rythmes scolaires (lire ci-dessous et ci-contre). En France, le budget de l'Education reste, avec 60,8 milliards d'euros, le premier poste du budget de l'Etat (21 %), et suit bon an mal an l'inflation (il était de 56,6 milliards en 2005). « La France n'est pas si mal placée que cela en terme d'efficacité, notamment compte tenu de son budget », estime Marie-Duru-Bellat, sociologue professeur à Sciences Po. Certains pays tel le Danemark dépensent plus (4,4 % du PIB cointre 3,9 % pour la France) sans pour autant se situer en tête des performances Pisa. Et vice- versa (la Finlande dépense légèrement moins que la France mais est première du classement Pisa). Investissements mal répartisIl faut aussi noter que les investissements français consacrés à l'éducation sont inférieurs dans le primaire à la moyenne OCDE mais supérieurs dans le secondaire, en raison notamment du nombre importants d'options, explique Marie Duru-Bellat. « Il y a une mauvaise répartition des investissements », note Eric Charbonnier, expert en éducation à l'OCDE. Il faudrait mieux les utiliser notamment en augmentant le soutien scolaire ». Ce qui relève de la gageure en période de suppressions massives de postes qui vont automatiquement impliquer des classes plus chargées alors que le nombre d'élèves par classe en France était déjà supérieur à la moyenne de l'OCDE en 2006. Mais, nuance Eric Charbonnier, la Corée et le Japon réussissent très bien avec des classes de plus de 30 élèves. La réussite scolaire n'est donc pas forcément le corollaire du niveau d'investissement. A ceci près que « la plupart des réformes qui ont réussi dans le monde se sont faites à budget constant », prévient Eric Charbonnier qui rappelle que même s'il est nécessaire de considérer les coûts, le niveau d'éducation obtenu sur le long terme est « un bénéfice tant pour l'élève que pour la société ». Lire aussi l'enquête
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