Le Bloc-notes de Stéphane SOUMIER (BFM radio)

STRONG>Maintenir, disent-ilsDans le " Grand " débat qui doit s'ouvrir sur les retraites (vous avez remarqué, il est " grand " le débat. C'est un magnifique artifice médiatique. Ça exonère nos responsables d'une véritable consultation. Le débat est " Grand ", qu'est-ce qu'il vous faut de plus ? Un moyen de donner votre avis ? Vous rigolez ou quoi ? Vous croyez qu'on a que ça à faire ? ), dans ce Grand débat, donc, un mot me fait frémir : " maintenir ". La question c'est de " maintenir " les seniors dans l'entreprise au-delà de 60 ans. J'ai deux éléments à vous apporter là-dessus, grâce à l'étude très complète publiée par Bearing Point il y a quinze jours. Le premier sur la définition de " senior ". Arrêtez de sourire : si vous offrez aux DRH un spectre très large (en gros de 35 à 70 ans) et que vous leur demandez de pointer l'entrée dans la catégorie " senior ", un quart d'entre eux vont la fixer... à 45 ans !! Ça change la donne, non ? Ça vous donne envie de lire la suite ? Parce que la suite, justement, elle en découle directement. Rien de concret ne pourra se construire tant qu'on ne considérera pas qu'il faut penser à une troisième carrière dans l'entreprise. Et c'est là que ce verbe " maintenir " a quelque chose d'effrayant : " maintenir ", c'est limiter les dégâts, (" on va faire quelque chose de vous, mais bon, faut pas être trop exigeant "), dans les grandes boîtes de services, c'est institutionnaliser l'expérience traumatisante du " placard " ; dans l'industrie, c'est lire dans le regard des plus jeunes que votre salaire pèse forcément sur leurs primes. Comment peut-on encore utiliser ce verbe " maintenir " sans penser à tout cela. " C'est bien le logiciel profond des entreprises qu'il faut changer sur ce point ", me disait jeudi Pierre Nanterme, l'un des patrons d'Accenture, dont le boulot sera peut-être, un jour, d'aider à cette transformation. Des solutions, des pistes de réflexion existent (elles passent par les évolutions du temps et du contrat de travail), elles ne demandent qu'à émerger, à condition qu'on ne se satisfasse plus, collectivement, de cette ambition de " maintenir ".EntschuldigungChristine Lagarde n'avait donc pas de critique particulière à faire à l'Allemagne, " ma prise de position était extrêmement élogieuse et complimenteuse ", disait le ministre en rentrant de Berlin (elle ne veut pas féminiser le mot " ministre", sa mère grammairienne ne le lui pardonnerait pas). Pas une critique ? Tu parles ! Tout le monde oublie poliment la deuxième partie de la phrase : " Je ne suis pas sûre que ce modèle (de pression sur les salaires) soit soutenable à long terme ". Difficile d'y trouver un éloge, non ? Mais passons. En fait, je voulais juste me faire l'écho de l'incompréhension totale des chefs d'entreprise allemands que j'avais réunis mercredi dernier, au moment de ce conseil des ministres exceptionnel à Berlin : " Bien sûr que nous avons fait des efforts énormes sur les salaires, mais la situation l'imposait ", disaient-ils, " pourquoi chercher une stratégie, quand il s'agit simplement de réagir aux circonstances ! ". Ils mettent tous en avant un élément que je n'ai pas entendu dans le débat en France : le " mittelstand ", cette galaxie de PME exportatrices, est d'abord le terreau d'une concurrence impitoyable au coeur de l'Allemagne. C'est d'abord contre leur propres concurrents allemands qu'ils innovent, investissent, gagnent de la marge. La conclusion vient d'elle-même, nous sommes évidemment bien loin de ce modèle. Je pense à Yvon Gattaz, qui stigmatise régulièrement notre propension à protéger les " oursons " plutôt que de laisser les tigres s'expliquer entre eux.
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