La grande braderie des raffineries européennes continue

Après la polémique suscitée par le projet de fermeture par Total de sa raffinerie de Dunkerque, le groupe suisse Petroplus a tenté de passer inaperçu. C'est par un communiqué très discret, publié dans la soirée de jeudi, qu'il a annoncé envisager de céder sa raffinerie de Reichstett (Bas-Rhin), près de Strasbourg. "Le conseil de direction a examiné les opérations de la raffinerie et, au vu des nécessités d'investissement de capitaux futures dans le site, le management de Petroplus va évaluer toutes les options stratégiques, y compris la vente potentielle de la raffinerie", indique ce texte.Avarie sur un pipelineLe groupe indépendant suisse, spécialiste du raffinage et de la distribution, n'aura pas mis longtemps à jeter l'éponge. Il avait acheté ce site de Reichstett en 2007 au géant anglo-néerlandais Shell, en même temps qu'une autre raffinerie, celle de Petit-Couronne, près de Rouen, en Normandie. Le tout pour 875 millions de dollars, dont 400 millions de fonds de roulement. Avec une capacité de 4 millions de tonnes par an, cette raffinerie alsacienne, où travaillent 360 personnes, est la plus petite de France. Elle a du interrompre son activité au dernier trimestre 2009 car le seul pipeline qui l'approvisionne a subi une avarie, entrainant une perte d'exploitation de 95 millions de dollars, selon Petroplus. Vente « impossible »La vendre ne va pas être aisé. "Pour Dunkerque, nous avons cherché des acheteurs dans le monde entier, mais nous n'en avons pas trouvé, ce qui prouve qu'il y a bien un problème de capacité excédentaire en Europe", déclarait récemment Christophe de Margerie, directeur général de Total, à La Tribune (23 mars 2010).Un avis partagé par Paolo Scaroni. Le patron du pétrolier italien ENI estime que vendre une raffinerie en Europe est "impossible" au moment où leurs marges brutes ont atteint leur niveau le plus bas depuis quinze ans. Ces faibles marges ont déjà conduit Petroplus, propriétaire de sept raffineries en Europe, à stopper l'activité sur son site britannique de Teesside. Optimisme revigorantUne cession sera d'autant plus difficile que tout le monde est vendeur, ou presque. L'américain Chevron a annoncé début mars qu'il cherchait à céder sa raffinerie britannique de Pembroke. Shell, qui avait donc vendu ses deux unités françaises en 2007, cherche, lui, à se débarrasser depuis des mois de trois autres unités européennes, au Royaume Uni et en Allemagne. L'indien Essar est candidat, mais il repousse l'échéance de ses négociations exclusives avec Shell depuis novembre 2009. Cherchant à se développer à l'international, ce conglomérat affiche pourtant un optimisme revigorant. "Nous sommes totalement convaincus que les marges, actuellement si basses, n'en resteront pas là et remonteront", déclarait la semaine dernière Prashant Ruia, directeur général d'Essar Group. Il a néanmoins décidé de reporter encore sa décision... jusqu'en juin 2010.
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