Le regard politique d'Hélène Fontanaud

C'est l'été. Voilà au moins une vérité incontestable. Mais avec la chaleur viennent les orages. Et le climat politique reste électrique. Si Nicolas Sarkozy et le gouvernement comptent sur juillet et août pour faire retomber la tension, c'est peut-être un voeu pieux. Voire un mauvais calcul. Car voilà les Français jetés sur les routes des vacances, avec un pouvoir d'achat en berne et la perspective d'une potion amère et rigoureuse à l'automne. Et les ministres ne sont guère mieux lotis. Il abordent la pause estivale en sachant qu'à la rentrée, le gouvernement sera "resserré", selon la formule du "cardinal" Claude Guéant.Une nuit du 4 aoûtExit programmé pour Christian Blanc et ses cigares, Rama Yade et ses hôtels, Alain Joyandet et ses extensions immobilières, Fadela Amara et son appartement de fonction. Nicolas Sarkozy, qui ménage le gazon élyséen en renonçant à la garden-party du 14 Juillet, prépare une nuit du 4 août pour les ministres et les secrétaires d'Etat dispendieux. En fait, le chef de l'Etat sacrifie des pions pour sauver la pièce maîtresse de son échiquier : Eric Woerth, ministre du Travail et trésorier de l'UMP. L'homme de la réforme des retraites, chargé d'expliquer aux Français qu'ils devront travailler plus pour gagner moins, est pris dans la toile des révélations égrenées dans la presse sur ses relations avec la milliardaire Liliane Bettencourt.Le "péché originel" du Fouquet'sDans un pays où le rêve égalitaire fait de la résistance, le piège peut s'avérer mortel. D'autant plus que la séquence actuelle renvoie Nicolas Sarkozy au "péché originel" du quinquennat, cette soirée au Fouquet's le soir de son élection, le 6 mai 2007, image "bling bling" du mariage de la politique et de l'argent. Aujourd'hui, dans une France en crise, se lèvent à gauche, mais aussi à droite, les procureurs d'un "système corrompu" ou d'un "nouvel Ancien Régime". Nicolas Sarkozy a choisi de différer sa réponse au délitement actuel. Au moment où le chef de l'Etat glisse sûrement dans ses bagages ses lectures d'été, je lui conseille un recueil d'articles écrits par Georges Bernanos lors de son exil brésilien pendant l'Occupation. "Ce qui rend la corruption, ou même la simple médiocrité des élites, si funeste, c'est la solidarité qui lie entre eux tous leurs membres, corrompus ou non corrompus, dans la défense du prestige commun", soulignait le grand écrivain catholique dans "Le Chemin de la Croix des âmes". Bonnes vacances.
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