Cap sur le plus grand terrain ? de rugby du monde

Les All Blacks ne sont pas assurés de remporter la Webb Ellis Cup, mais l'archipel du bout du monde ne veut pas manquer l'opportunité de sortir de son isolement géographique pour se montrer sur la scène internationale. Et pendant que les hommes en noir affûtent leurs crampons, toute la nation répète déjà son fameux Haka pour donner au pays les allures d'un stade gigantesque où prendraient place plus de quatre millions de fans, la fougère d'argent gravée sur le coeur. Ils ne seront pas les seuls à profiter de la fête puisque près de 85.000 supporters sont attendus de la planète entière pour donner de la voix et encourager leurs champions respectifs. Parmi eux, 8.000 Français devraient faire le déplacement jusqu'aux terres saintes de l'Ovalie, pour pousser en mêlée derrière les Bleus. L'occasion de découvrir entre deux matchs, les beautés d'Aotearoa, le « pays du long nuage blanc » chère à la tradition maorie.Ceux qui suivront les chemins de la gloire du XV de France devront mettre le cap au Nord. Les « coqs gaulois » joueront en effet leurs quatre matchs du premier tour sur l'île « fumante ». Endroit des plus appropriés pour que les Bleus fassent des étincelles, à l'ombre des volcans qui secouent périodiquement la région. D'abord en se débarrassant des Japonais, avant peut-être de frapper un véritable coup de tonnerre en terrassant les locaux dans leur jardin de l'Eden Park à Auckland. À défaut d'être en terrain conquis, les Français ne joueront pas en territoire inconnu, puisque leur premier match dans l'antre des Blacks date de 1961. Pour la petite histoire, l'ogre néo-zélandais avait alors croqué les Bleus, qui se sont depuis rattrapés pour écrire quelques-unes des pages les plus glorieuses de leur légende. Pas en 1987, lorsqu'ils perdent la finale de la première Coupe du monde face à des « Tout Noirs » en démonstration, mais les gradins de ce temple dédié au rugby depuis 1905 ne sont pas près d'oublier les exploits de la bande à Jean-Pierre Rives qui, un certain 14 juillet 1979, permet à la France d'enregistrer sa première victoire chez les Kiwis. Quinze ans plus tard, Jean-Luc Sadourny les crucifie à nouveau en inscrivant ce que le « Sunday Times » qualifie toujours aujourd'hui « d'essais du siècle ». Le stade en vibre encore et son musée, enfoui sous les structures en béton, conserve comme de précieuses reliques le maillot ensanglanté de « casque d'or », ainsi que le ballon aplati dans l'en-but après une course folle de 80 mètres. Installé dans la banlieue proprette de Kingsland, à un drop des tours en verre du « business District » de la capitale économique du pays, le centenaire a profité de la compétition à venir pour retrouver sa jeunesse. Sa capacité est passée de 48.000 à 60.000 places et ses concepteurs ont tout prévu, en installant, au bout de chaque rangée, des petites glacières qui permettront de garder les bières au frais pendant que s'échaufferont les esprits. Changement de décor à Napier, où les Français se frotteront à de rugueux Canadiens dans une ambiance champêtre en bord de mer. Pour se rendre dans cette ville de 60.000 habitants, l'équipe de France et sa suite devront traverser le coeur brûlant de l'île du Nord. Ils slalomeront entre les geysers qui jettent un écran de fumée sur Rotorua et les volcans du parc national de Tongariro dont les sommets se reflètent dans les eaux miroir du lac Taupo, avant de rejoindre la côte Est et les vignobles de la région de Hawke's Bay. Au sud du golfe, Napier est une véritable pièce de musée à ciel ouvert, sans équivalent aujourd'hui sur la planète. Durement touchée par un tremblement de terre en 1931, la bourgade a été entièrement reconstruite selon un style Art Déco très en vogue à l'époque, cathédrale comprise. Les suiveurs français pourront y brûler un cierge, avant de couvrir la dernière étape d'un premier round qui n'a rien d'une promenade de santé pour les Bleus. À Wellington, le « French flair » devra dompter une équipe du Tonga aussi exotique qu'imprévisible. Les troupes de Thomas Lièvremont seront alors peut-être déjà fixées sur leur sort et pourront à loisir parcourir cette capitale à taille humaine, lovée au creux d'une baie surplombée de collines douces. Un site grandiose qui ne se laisse admirer qu'en prenant un peu de hauteur, à bord par exemple du câble-car suisse qui grimpe depuis 1902 jusqu'au jardin botanique, pour offrir une vue imprenable sur la ville et ses environs. Un dernier verre dans les bars surchauffés de Cuba Street et sonnera l'heure d'embarquer sur le ferry qui descend vers l'île du Sud pour rallier Christchurch, lieu d'un quart de finale de tous les dangers pour les Français. En cas de victoire, il sera alors temps de retourner à Auckland pour le dernier carré, avec au bout un final que l'on souhaite cette fois éblouissant pour les tricolores.
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