La grande percée des émergents

ourseÀ l'automne 2008, au plus fort de la crise, rares étaient ceux qui misaient un kopeck sur le retour en force des marchés émergents. Pourtant, ces places qui avaient été les stars de 2007 le furent encore l'an dernier ? l'indice MSCI EM a gagné plus de 70 %. Et elles concentrent suffisamment de potentiel pour le rester dans les prochaines années. À eux seuls, ces pays devraient contribuer en 2010 à plus de la moitié de la croissance mondiale et pour nombre d'entre eux, la crise mondiale a été un révélateur. « En 2009, le monde a vraiment réalisé que les pays émergents n'étaient plus endettés, qu'ils avaient des réserves de change et que leur système bancaire était, à l'exception de certains pays, plus solide que celui des pays développés », rappelle Simon Pickard, responsable de cette classe d'actifs chez Carmignac. « Pour la première fois de son histoire récente, le Brésil est entré dans la crise avec des réserves de change plus importantes que sa dette externe. En Chine, les banques ont également abordé cette crise avec des niveaux de levier représentant 10 à 12 fois leurs fonds propres contre 30 à 40 fois aux États-Unis. »« ASSIS SUR UNE marmite »Pourtant, l'année qui débute s'annonce mouvementée. Le naufrage financier de Dubaï, s'il n'a pas fait tache d'huile car son cas est très spécifique, le prouve : « Dubaï a rappelé que le risque de défaut peut surgir dans d'autres pays à tout moment », relève Dari Ing, stratège chez Nomura, et comme les marchés continuent d'évoluer « en vases communicants », la volatilité devrait perdurer. « Nous sommes assis sur une marmite qui bouillonne même si pour l'instant elle n'explose pas », ajoute-t-elle. De surcroît, les pays émergents doivent gérer leurs propres déséquilibres. Dans de nombreuses régions, notamment d'Asie, les colossaux plans de relance qui ont été mis en place risquent d'accentuer les poussées inflationnistes. « En Chine, les resserrements des politiques monétaire et budgétaire sont à présent une menace permanente », rapporte-t-on chez Pictet. À l'inverse, les gouvernements font désormais montre d'une plus grande prudence dans la gestion de la liquidité, comme en témoignent les taxes sur les transactions financières imposées par le Brésil ou Taiwan, ou les mesures décidées par Pékin pour lutter contre la spéculation immobilière et dans les activités bancaires. Mais cette vigilance arrive peut-être un peu tard. L'agence Fitch s'inquiétait encore récemment de « l'explosion du crédit » en Chine et « des risques cachés » qui pèsent « sur les banques du pays qui font disparaître les prêts de leurs bilans pour se conformer aux exigences de normes de fonds propres ». Marjorie Bertouille
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