Des bonus encadrés, taxés, mais pas limités

émunérationsAprès 2007 l'année des subprimes, 2008 celle de la crise, 2009 a été marquée par les bonus. Dès le début de l'année, l'opinion publique est choquée de découvrir que des banques américaines comme Merrill Lynch continuent à verser des primes mirifiques alors qu'elles viennent à peine d'être sauvées par des aides publiques. Les États, soucieux de contenir le vent naissant de la révolte populaire, s'engouffrent dans la brèche. « Haro sur les bonus » devient rapidement le slogan politique à la mode. « C'est une honte », déclare même le président Obama. Pourtant, il est le premier à être embarrassé par les tentatives de limitation des bonus dans la finance, une industrie essentielle pour la richesse américaine.En février, les banques françaises sont les premières à sortir du bois en proposant de nouvelles règles pour la rémunération de leurs traders. Objectif : encadrer les primes, les payer en plusieurs fois, les corréler au risque et les verser en actions davantage qu'en cash. Mais en aucun cas les limiter, la mesure serait dévastatrice pour les banques et la place de Paris.Pourtant, dès le G20 de Londres en avril, les dirigeants des principaux pays européens demandent une stricte limitation des bonus. Refus catégorique des Américains. Rendez-vous est donné en septembre à Pittsburgh pour un sommet historique. Entre-temps, les banques ont renoué avec des bénéfices faramineux et annoncent le retour des mégaprimes. Goldman Sachs, en tête, concentre le mécontentement de l'opinion publique. La star de Wall Street prévoit de payer 11,4 milliards de dollars de bonus à ses banquiers et traders sur les six premiers mois de l'année. De l'autre côté de l'Atlantique, c'est le milliard d'euros mis de côté par BNP Paribas à cet effet qui scandalise. Les États occidentaux espèrent pouvoir sévir davantage. Mais à Pittsburgh, les Américains ne cèdent pas. Les bonus seront encadrés, étalés, surveillés, mais toujours pas limités. Une véritable usine à gaz se met en place pour calculer les primes en fonction des risques pris, des résultats de la banque, de ceux de chaque trader. Et l'année 2009 est si bonne pour les activités de banque d'investissement que les politiques insistent de nouveau pour éviter les excès. effet perversDébut décembre, la Grande-Bretagne et la France, comme un seul homme, portent le coup final. Les banques supporteront en 2010 une taxe de 50 % sur les bonus distribués supérieurs à 27.600 euros. Les banquiers sont vilipendés, acculés, taxés, mais leurs bonus ne sont toujours pas limités. Et ils n'ont pas dit leur dernier mot ! S'ils ne peuvent s'offrir de confortables primes, alors ils augmenteront leurs rémunérations fixes. Désireux de limiter les parts variables pendant un an, les dirigeants politiques n'ont fait que pousser les banques à systématiser les bonus en les transformant en salaire. Matthieu Pechberty
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