Les chercheurs plaident pour des primes collectives

Cela peut paraître paradoxal. Alors que 19 de leurs syndicats ont récemment dénoncé les emplois précaires dans l'enseignement supérieur et la recherche, plusieurs chercheurs ont refusé leur prime d'excellence de 15.000 euros. Au nom de leur préférence pour des augmentations collectives de salaire et des titularisations, plutôt que des primes individuelles. C'est pour protester contre cette « politique de différenciation salariale qui est en train de se mettre en place dans la recherche publique », explique l'un d'entre eux, qui refuse ce mouvement vers « un système de compétition systématique de tout le monde avec tout le monde dans lequel les capitaines de recherche négocieront leur salaire à l'embauche tout en ayant à leur service une armée de contractuels taillables et corvéables à merci ».Régime « indemnitaire »« Le gouvernement préfère le régime indemnitaire, nous le statutaire », a expliqué Patrick Monfort, le secrétaire général du Syndicat national de la recherche scientifique (SNCS-FSU), après son entrevue chez la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse. Le chercheur convient que revaloriser les grilles implique des discussions serrées avec le gouvernement. Mais, constate-t-il, « certains grades sont bloqués depuis quinze ans ! » Ainsi, l'indemnité Gipa (garantie individuelle du pouvoir d'achat), qui vise à compenser jusqu'en 2011 une baisse des revenus, « bénéficie à 4.500 personnes sur 20.000 au CNRS ». Pour Alain Fuchs, le PDG du CNRS, ce type de prime existant déjà dans les universités, il est « normal que les chercheurs qui travaillent dans les mêmes laboratoires y aient droit ». Plusieurs réflexions sont en cours pour mieux équilibrer le système.Au CNRS, un groupe de travail planche sur les critères d'attribution de la prime d'excellence. Les investissements collectifs pourraient par exemple être pris en compte. Le ministère réfléchit lui-même à la mise en place d'une prime d'intéressement collectif. « Nous avons toujours défendu les deux : les primes individuelles et collectives, puisque la recherche est un travail d'équipe », explique-t-on rue Descartes. Non finalisé, ce projet suscite déjà des critiques : « Il s'agira d'utiliser 50 % des reliquats de financements de projets de recherches sur contrats de type ANR (Agence nationale de la recherche) ou ERC (European Research Council), explique Patrick Monfort. Or, généralement, ces sommes sont soit utilisées à 100 % soit le reliquat est rétrocédé. » C. J.
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