Free a-t-il perdu les clés du succès ? Longtemps numéro deux derrière France Télécome;lécom dans Internet à haut débit (ADSL), le fournisseur d'accès est en passe de se faire déposséder de son fauteuil de dauphin par SFR. Les deux opérateurs sont au coude à coude. À la fin 2009, Iliad, avec ses marques Free et Alice, comptait 12.000 clients de plus que SFR. Un an auparavant, l'écart dépassait les 300.000 abonnés. Or si les rythmes de conquête se maintiennent, SFR devrait avoir déjà pris place à la deuxième marche du podium.La première explication tient aux difficultés d'Alice, la filiale de Telecom Italia acquise par Iliad en juin 2008. En un an, la marque a perdu 158.000 abonnés. Certes, le parc a été « nettoy頻 au profit d'utilisateurs plus rentables. Mais, malgré un positionnement low-cost avec une offre à 19,99 euros par mois, l'hémorragie d'abonnés n'a fait que s'aggraver au fil des mois pour atteindre 53.000 clients perdus au dernier trimestre 2009. Ensuite, même si les recrutements ont retrouvé un rythme de croissance plus soutenu après un gros trou d'air au deuxième trimestre 2009, la marque Free approche de la saturation sur ses marchés clés, les grandes villes françaises. Difficile, par exemple, de gagner de nouveaux clients lorsque vous avez, comme Free, une part de marché estimée à 40 % sur Paris intra-muros.intérêt du « quadruple play »Enfin, Iliad souffre de la concurrence active de SFR, qui profite notamment de son réseau de 800 boutiques pour proposer sa Neuf Box à ses clients mobiles, quand les Freebox ne sont commercialisées qu'en ligne. L'ex-« trublion d'Internet » a aussi subi des défections au profit de Bouygues Telecom, qui a secoué le marché avec son offre innovante Ideo, couplant une offre fixe (Internet, télé, téléphone) avec un forfait mobile. Bouygues est en passe de gagner son pari du « quadruple play » : même s'il part de zéro, l'opérateur a réussi à conquérir 300.000 abonnés ADSL en 2009, plus que les 235.000 d'Iliad (Free + Alice).Cette percée, encore modeste (environ 1,7 % de part de marché), mais fulgurante de Bouygues Telecom dans le haut débit montre l'intérêt de pouvoir croiser ses bases d'abonnés fixes et mobiles, une arme marketing qu'Iliad ne pourra utiliser que lorsque son réseau mobile ouvrira, au mieux l'an prochain. Orange, qui en était jusque-là empêché en raison de sa position dominante, espère bien obtenir le feu vert de l'Autorité de la concurrence avant la fin du premier semestre. Reconnaissant le succès de l'offre « quadruple play » de Bouygues, Stéphane Richard, le nouveau patron de France Télécome;lécom, a annoncé la semaine dernière qu'Orange lancerait avant l'été sa propre offre, baptisée Quad, qui sera « déclinée en fonction des catégories d'utilisateurs. »Le PDG de SFR, Frank Esser, est plus réticent, évoquant un « projet » de quadruple play, mais pas dans l'immédiat, car cela « ne correspond pas à une demande des clients ». La filiale de Vivendi a sans doute moins besoin, pour l'instant, de cet outil de relance commerciale, qui a bien fonctionné pour Bouygues. Ce dernier, le plus petit opérateur de réseau, a passé le cap des 10 millions d'abonnés mobiles et gagné au total 758.000 clients (y compris cartes prépayées) l'an passé, deux fois plus qu'en 2008 et légèrement plus que SFR en 2009 (743.000), pourtant le numéro un en termes de conquête d'abonnés (au forfait) nets sur l'année.capacité de réactionParadoxalement, les trois opérateurs mobiles sont très satisfaits de leur année, sur un marché que l'on dit saturé, la pénétration dépassant 95 %. Cependant, « environ 600.000 jeunes arrivent en âge d'avoir un téléphone portable chaque année », fait valoir un opérateur. Dans une conjoncture peu porteuse, ils n'ont pas été avares de promotions à Noël, sur les smartphones y compris l'iPhone, quitte à rogner un peu sur le revenu moyen par abonné et leurs marges, en baisse chez les trois acteurs. Orange s'est félicité d'avoir « signé sa meilleure performance commerciale depuis 2000 » et gagné 51 % des nouveaux abonnés au quatrième trimestre, « une conquête d'abonnés spectaculaire », selon un analyste. Les trois opérateurs de réseau ont montré leur capacité de réaction au regain d'agressivité commerciale des MVNO, les opérateurs virtuels, notamment Virgin Mobile, avant l'arrivée redoutée de Free Mobile. SFR a ainsi promis lundi de « préparer le terrain pour lui souhaiter la bienvenue ».

latribune.fr

03 Mars 2010, 23:18

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