Les aides publiques au photovoltaïque ont manqué leur cible

Il faut ajuster ! » C'est le credo martelé par le ministre du Développement durable Jean-Louis Borloo quand on lui parle photovoltaïque. « Nous continuerons à nous ajuster », a-t-il répété le jour où le projet de loi de finances pour 2011 confirmait une baisse de 50 % à 25 % du taux du crédit d'impôt octroyé en faveur des ménages s'équipant de panneaux photovoltaïques. Une réduction qui intervient après que le gouvernement a déjà décidé deux baisses successives des tarifs de rachat de l'électricité solaire pour les grands projets, suscitant de vives protestations des professionnels de la filière.Pour justifier ces ajustements, le ministre met en avant « la progression de 600 % des installations ces deux dernières années », dont le résultat est « d'avoir une avance importante sur les objectifs du Grenelle de l'environnement ». Par ailleurs, à l'heure de la maîtrise des dépenses publiques, le gouvernement constate avec des sueurs de comptable l'explosion des crédits budgétaires versés au titre des aides en faveur des énergies renouvelables dont les prévisions ont systématiquement explosé ces trois dernières années.Équipements importésC'est bien évidemment pour cette raison que le gouvernement resserre les boulons financiers. Mais il y a un autre motif plus caché. Depuis leur instauration en 2005 en faveur de l'électricité solaire et en dépit de montants cumulés de plusieurs milliards d'euros, le gouvernement a pris conscience que ses aides n'ont que peu favorisé l'émergence d'une filière photovoltaïque hexagonale. Si la France produit désormais quelque 500 MW d'électricité solaire « plus des deux tiers des panneaux installés en France proviennent de fabricants étrangers  », relève le délégué général d'Enerplan Richard Loyen. « La majorité des panneaux vient de Chine, parfois d'Allemagne » et quoi qu'il en soit ce n'est pas la petite dizaine de fabricants français de modules photovoltaïques, qui viennent de s'installer sur le territoire français, « qui peuvent répondre à la demande qui explose », remarque avec quelque amertume Daniel Bour, le PDG de Sunnco, installateur de panneaux solaires.Bilan carbone« En somme, l'argent public finance au mieux les filières photovoltaïques allemande ou danoise voire chinoise alors que cette dernière exporte déjà 65 % de la capacité mondiale », déplore un responsable de l'ONG écologiste France Nature Environnement. D'où l'idée caressée par Jean-Louis Borloo de lier par exemple les tarifs de rachat de l'électricité verte au bilan carbone des panneaux photovoltaïques. « Pourquoi pas ! », commente Daniel Bour puisque la formule permettrait sans aucun doute de favoriser les productions françaises et européennes. Mais elle a aussi un gros défaut : critères environnementaux ou pas, il s'agit ni plus ni moins de protectionnisme économique.
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