Bruxelles veut une concurrence, Paris veut des champions européens

Si la France « a beaucoup oeuvré pour qu'il y ait une vraie prise de conscience européenne en matière spatiale », comme l'explique la ministre en charge de l'espace, Valérie Pécresse, qui assure que l'Europe « va prendre dans les années à venir le leadership », il n'en demeure pas moins qu'il y a des désaccords avec la politique de l'Union européenne. Notamment en matière de concurrence. Selon un document de la Commission dont « La Tribune » s'est procurée une copie, l'Europe mettra en oeuvre « une politique d'approvisionnement adaptée visant notamment à éviter les situations de monopole et à garantir l'existence d'une offre européenne. » Pour Valérie Pécresse, « il est légitime que les industriels français et allemands se préoccupent » de la future politique industrielle européenne. « Car effectivement la politique de concurrence européenne se focalise sur la concurrence intra européenne. Or, la France souhaite créer des champions européens et suffisamment solides pour concurrencer les champions chinois, américains... C'est une interrogation que se posent les industriels de l'espace mais aussi tous les industriels européens. C'est une vraie question qu'il faudra un jour poser comme une question politique à tous les États membres de l'UE : quelle est la finalité de la politique de la concurrence européenne ? » Champions européens pour la France, politique industrielle au service de la compétitivité pour Bruxelles.Duplications inutilesFaut-il alors fusionner les deux grands constructeurs de satellites, Astrium et Thales Alenia Space ? « La question n'est pas à l'ordre du jour, mais elle est posée, estime Valérie Pécresse. Elle ne concerne pas uniquement la France, ce qui suppose des réflexions avec nos partenaires qui n'ont pas été engagées. Quand certains industriels évoquent publiquement ce dossier, on voit bien qu'ils ont l'envie de construire un seul champion européen qui aurait les marchés européens. En même temps, la France est obligée d'avoir une vraie de concurrence pour ne pas être dans la main d'un seul fournisseur. »En revanche, la France et Bruxelles veulent tirer un trait sur la politique de retour géographique de l'Agence spatiale européenne : les pays contributeurs n'auront plus forcément de contreparties industrielles. « Cette politique a montré des limites en induisant un risque de duplications inutiles », explique la Commission. « Il faudra régler la question très sensible du retour géographique. L'Europe l'a déjà fait sur Galileo mais il faut désormais simplifier les procédures. Nous avons une marge de progression ! ». M. C.
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