Après l'euphorie, les investisseurs lèvent le pied

Marchés émergentsL'heure des doutes serait-elle venue sur les marchés émergents ? Après avoir glané cette année plus de 45 milliards de dollars (à la mi-octobre), soit environ l'équivalent de l'année record de 2007, les fonds globaux investis en actions émergentes ont enregistré la semaine passée une légère décélération de leurs flux de capitaux entrants. Selon les données fournies par EPFR, ils n'auraient attiré que 2,2 milliards de dollars la semaine passée, en lieu et place des montants deux fois supérieurs qu'ils avaient reçus en moyenne au cours des deux semaines précédentes. De fait, la progression des indices a également marqué une pause : l'indice MSCI EM s'est en effet allégé de 8,3 % depuis son plus-haut du 19 octobre. Et de 1,6 % sur la seule journée d'hier. Besoin de souffler après un parcours spectaculaire (près de 60 % depuis janvier), inquiétudes sur la croissance économique mondiale et les valorisations ? Ce repli reflète un ensemble de facteurs. « Au vu des difficultés des économies développées à sortir de la récession, des interrogations surgissent quant à la capacité des pays émergents à tirer l'économie mondiale seuls », estime Jean-François Canton, président de Comgest. taxe turqueÀ cela s'ajoutent des doutes sur la valorisation de ces places. « Est-il juste aujourd'hui de payer les titres de ces pays aussi cher, voire plus, que ceux des pays développés ? », se demande Jean-François Canton. « De tels ratios de valorisation (15,5 fois en 2009 contre 15 pour les pays développés) se justifient, en termes de perspectives économiques et de résultats, mais la situation étant nouvelle ? elle risque de ne plus être exceptionnelle comme par le passé ?, il est normal que les investisseurs s'interrogent. » Ces doutes ne sont d'ailleurs pas l'apanage des investisseurs. « Le malaise des autorités de marché de ces pays face à ces flux massifs de liquidités est perceptible », rapporte-t-on chez BNP Paribas. Certains pays sont inquiets en effet de voir leurs devises s'apprécier face au dollar. C'est le cas notamment du Brésil qui vient d'introduire un impôt de 2 % sur les achats de valeurs à revenus fixes et d'actions libellées en real. « À court terme cette initiative devrait générer de la volatilité, tant sur les actions que pour la monnaie », reconnaît José Cuervo, gérant chez HSBC, toutefois, rassure-t-il, « elle ne devrait pas avoir d'impact significatif à long terme ». À voir si ce sera le cas ailleurs. Car d'autres pays réfléchissent à des mesures de ce genre. La Turquie a, par exemple, évoqué la mise en place d'une taxe sur les placements obligataires réalisés par les étrangers, L'Afrique du Sud, elle, encourage les résidents à investir davantage à l'étranger. Marjorie Bertouille
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