La part des grands pays émergents s'accroît dans la R&D mondiale

« Avant on allait aux États-Unis, désormais il faut aller en Chine », confie Jacques Caen, professeur de médecine qui a créé en 2001 la Fondation franco-chinoise pour la science et ses applications (FFCSA). Cet avis est corroboré par le classement des pays selon le montant investi dans la R&D établi dans l'édition 2010 du rapport biennal de l'OST. Si la domination des États-Unis, du Japon et de l'Union européenne demeure entre 2002 et 2007, en revanche, les économies émergentes réalisent une percée spectaculaire. La Chine est désormais 3e, la Corée du Sud 6e et l'Inde 8e. Mais c'est surtout leur part dans la R&D mondiale qui augmente. « Entre 2002 et 2007, Pékin, Séoul et New Delhi ont fortement accru leur part mondiale des dépenses intérieures de R&D. La Chine passe de 5,1 % en 2002 à 9,2 % en 2007, la Corée du Sud de 2,9 % à 3,7 % et l'Inde de 1,7 % à 2,2 % », souligne le rapport. Ainsi, la Chine dépensait 39,2 milliards de dollars pour sa R&D en 2002, 102,3 milliards de dollars en 2007. En comparaison, la France a régressé de 5 % à 3,8 % et les États-Unis, le leader, de 36 % à 33,5 %. Les publications scientifiques sont aussi un autre bon indicateur. « La Chine est le pays le plus dynamique. L'augmentation de sa part mondiale s'accélère à partir de 2003 pour atteindre, en 2008, plus de quatre fois sa part mondiale en 1998 », indique le rapport de l'OST. « En 2020, la Chine sera l'un des deux premiers pays au monde en matière scientifique », pronostique Jacques Caen.Une politique volontaristeCe dynamisme est d'abord le résultat d'une politique volontariste initiée par le Premier ministre chinois Wen Jiabao. En 2003, il a défendu le principe d'un investissement massif dans une politique industrielle fondée sur l'innovation, clé du développement de l'économie. « La Chine devrait être en 2011 le pays déposant le plus grand nombre de brevets dans le monde », concluait une étude publiée en octobre par IP Solutions (Thomson Reuters). Entre 2003 et 2009, le nombre de brevets déposés a crû au rythme annuel de 26,1 % en Chine contre 5,5 % pour les États-Unis. Toutefois, cette performance est à nuancer : la moitié des brevets déposés sont en fait des « certificats d'utilité » qui permettent, à la différence d'un « brevet d'invention », de protéger une invention pour un coût moins élevé et pour une durée moindre (6 à 10 ans contre 20 ans pour le brevet). Aussi, malgré l'amélioration croissante de la qualité des brevets déposés, la course au volume masque la réalité de l'innovation.Robert Jules et Clarisse Jay
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